La «Communion des saints» est une sorte de solidarité entre les croyants vivants et morts unis par le Christ, une solidarité entre tous les chrétiens
Ce premier Novembre, nous commémorons la Toussaint. Et dans le credo, nous disons croire à la «communion des saints». De quoi s'agit-il réellement? Ce dogme de l'Église, que nous célébrons tout particulièrement le jour de la Toussaint, est parfois bien difficile à percevoir, tant que la coupure avec nos morts semble irrémédiable. Nos morts sont-ils vraiment si près de nous? Et si oui, comment? Et d'abord, qu'est-ce que la communion des saints? Le Centre Diocésain de Communication de Bujumbura (CEDICOM) vous a produit un article sur ce mystère pour commémorer ensemble avec vous la fête de ce premier novembre ayant une réflexion commune sur l'univers des saints.
On appelle «Communion des saints» une sorte de solidarité entre les croyants vivants et morts unis par le Christ; c'est un lien de foi qui unit les croyants de la terre à ceux du ciel; c'est une solidarité entre tous les chrétiens. Si l'on interroge l'histoire, on s'aperçoit que l'expression a reçu trois sens successifs. Le premier sens, avant même qu'elle n'entre, un peu tardivement, dans le Symbole de la foi, c'est l'idée de la communion eucharistique, à travers la nourriture sainte de l'Eucharistie.
L'autre sens de la communion des saints, c'est une manière de définir l'Église. Il s'agit de la sainteté des baptisés (bien que dans l'Église, il n'y a pas que des saints, bien sûr). Il ne faut pas l'oublier, il y a toujours une corrélation entre la communion eucharistique et la communion ecclésiale. Communier à une eucharistie, c'est communier à une Église. C'est l'expression la plus concrète, la plus physique, de la communion à une communauté ecclésiale.
Nous sommes saints par le don du Saint-Esprit, nous avons reçu l'onction du Saint-Esprit dans le baptême, et nous sommes sanctifiés. Cela ne veut pas dire que nous sommes prêts à être canonisés; nous avons encore beaucoup à faire dans la vie de foi, d'espérance et de charité pour parvenir à une sainteté d'ordre moral, de l'ordre d'une certaine perfection. Mais la sainteté initiale, et c'est important à retenir, est un don absolument gratuit, c'est une grâce.
La communion des saints, c'est l'Église en tant qu'elle est une communion. C'est la définition de l'Église: la communion de tous ceux qui peuvent participer à l'Eucharistie et qui vivent dans la fraternité et dans la communion de la foi. Nous parlons là de l'Église vivante d'aujourd'hui, des personnes qui vivent dans la communion de la foi, de l'espérance et de la charité. C'est-à -dire que vous et moi, bien sûr, sommes en communion.
Et avec nos morts, qu'en est-il? Quand cette question a commencé à se poser (l'Église ancienne, se posait la question de la fin des temps, de l'eschatologie, et du retour du Christ), on a pensé avec justesse qu'il pouvait y avoir une forme de communion entre les vivants et ceux qui sont décédés. Comment se traduit-elle ? Par notre prière. Nous pouvons à la fois prier pour ceux que nous aimons, qui sont décédés, et en même temps, et c'est paradoxal mais très juste, nous recommander à leur intercession.
Bien que nous ne sachions pas exactement le statut dans la gloire de Dieu de tel ou tel de nos défunts, mais nous pouvons tout de même prier pour lui, pour que le Seigneur lui fasse totalement miséricorde, et nous pouvons nous confier à lui en nous disant que cette personne a vécu généreusement, courageusement, a donné de bons exemples et un exemple de foi, et nous recommandons recommande à son intercession comme je me recommande à l'intercession des saints canonisés.
Et alors, faut-il donner le même statut aux personnes canonisées et à celles qui ne le sont pas? Du point de vue de la canonisation de l'Église, il n'est pas le même, mais l'essentiel est que ces personnes soient dans la gloire de Dieu, dans la communion avec Dieu. A partir du moment où elles sont dans la communion divine, nous pouvons nous confier à leur intercession (car on ne prie pas les saints, on ne prie que la Trinité, le Père, le Fils et l'Esprit saint).
Alors qu'est-ce qu'on fait avec les saints? On se recommande à leur intercession. Rappelez-vous les litanies des saints: on leur demande le «Priez pour nous», et dans le «Je vous salue Marie», on dit: «Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous». Et, qu'on puisse se parler ou non, cela dépend de l'attitude spirituelle de chacun, et de la relation qu'il a eue avec la personne décédée.
Donc c'est tout cela, la communion des saints. On reprendrait le mot de solidarité que nous évoquions au début, une responsabilité mutuelle: «Je peux aider les défunts que j'aime en priant pour eux, et je leur demande de m'aider en me recommandant à leur prière.
C'est très consolant, au fond, surtout ce que dit l'Église sur la question des fins dernières. Cela veut dire qu'à notre mort, nous retrouverons nos défunts; le monde de la gloire de Dieu, c'est le monde de la communication parfaite, de la limpidité. C'est pourquoi on ne peut y arriver sans passer par une certaine purification, parce qu'il y a beaucoup de choses que nous n'arrivons pas à nous dire les uns aux autres, il y a aussi ce que les autres disent de moi et que j'ai besoin de connaître pour être dans la limpidité, et enfin ce que je pense et dis des autres.
Oui, le dogme de la communion des saints est consolant, mais le plus consolant c'est tout de même le dogme central de la mort et de la résurrection du Christ, le fruit, la conséquence immédiate de la mort et de la résurrection du Christ. La communion des saints c'est donc l'Église qui enjambe l'Église terrestre et l'Église glorieuse.
Michel NIBITANGA, CEDICOM