"Chaque fois que le ciel manifeste des signes de pluies, les habitants de Buterere commencent à avoir peur; et quand il pleut, tout le monde se précipite de rentrer à la maison pour y attendre le calvaire", (lamentations des habitants de cette zone)
Parmi les lieux affectés par les récentes pluies diluviennes, la zone Buterere s'est avérée être en forte menace par des inondations qui l'ont terriblement secouée. La population de cette localité a encore en mémoire les pluies tombées en dates du 19 et 27 Décembre 2019, et au 4 Janvier 2020, qui ont causé beaucoup de dégâts. Le bilan a été lourd: 102 maisons détruites et d'autres laissées en état critique.
"Chaque fois que le ciel manifeste des signes de pluies, les habitants de Buterere commencent à avoir peur; et quand il pleut, tout le monde se précipite de rentrer à la maison pour y attendre le calvaire", tels sont des lamentations de certains habitants de la localité de Buterere avec lesquels nous nous sommes entretenus. D'autres s'indignent: "Les gens de Buterere ont toujours les yeux dans la tête". Ils ont indiqué que chaque fois qu'il pleut, ils sont ipso facto pris de panique car quand bien même il ne pleuvrait pas sur Buterere, cette zone doit subir des dégâts suite aux pluies tombées dans quartiers limitrophes.
Les quartiers les plus touchés ont été Buterere I et II dans lesquelles les eaux de pluies ont causé des inondations jusqu'à couper la circulation routière. Des rues, de la route goudronnée, toutes étaient submergées d'eau. Ce fut également le cas de la Paroisse Saint Jean Paul II de Buterere qui a subi des inondation suite aux pluies tombées le 4 janvier 2020. Ce même jour, l'orphelinat "Sainte Famille" sise a été énormément inondé. Le responsable de ce centre, un Laïc engagé au nom de Athanase Bahaminyakamwe, affirme que les eaux était à grande force, jusqu'à pénétrer dans toutes les chambre à coucher des enfants.
Certains des victimes de ces inondations logeaient dans les classes de l'Ecole Fondamentale Buterere II, une École sous convention catholique, mais avec le début des études du deuxième trimestre, ces familles ont quitté les classes, quelques uns sont sans abris à côté de cette École. Ils passent toutes les nuits sous les moustiquaires à côté de cette école. Ils crient à tous bienfaiteurs de venir à leur secours.
Interrogeant sur les facteurs probables, nos sources ont pointé le doit le non entretien des exutoires d'évacuation des eaux de ruissellement provenant des quartiers qui surplombent Buterere, notamment la rivière Kinyankonge qui traverse cette zone. Comme nous l'avons observé, ce cours d'eau s'est bifurqué en deux: l'une des queues afflue vers l'Est pour séparer le quartier Mutakura de la zone Cibitoke et Buterere, l'autre afflue au milieu de Buterere et sépare Buterere I et Buterere II.
Ce cours d'eau de Kinyankonge accueille les eaux qui viennent des montagnes, qui passent d'abord par la rivière Gasenyi. Il accueille également en aval les eaux provenant des quartiers Kamenge, Kinama et Carama, qui accueillent aussi, de leur amont, les eaux de ruissellement provenant de l'escarpement montagneux de la région naturelle du Mirwa, sur les versants du coté Nord de la ville de Bujumbura. Par voie de conséquence, le Kinyankonge se porter en foule, au débit follement plus catastrophique, apportant tous les débris ramassés ici et là sur son chemin. Ne pouvant plus contenir les eaux qu'il collecte, il se laisse déborder et ravage presque tous les quartiers de la zone Buterere.
L'autre facteur aggravant est, selon nos sources, certaines personnes qui possèdent leurs parcelles à côté de cette rivière de Kinyankonge; celles-ci n'ont pas du tout respecté les règles de construction leur consignées par les services publics habilités, à savoir la fameuse distance de 6 mètre à lui laisser de part et d'autre pour qu'elle puisse être libre de sa charge hydrique. C'est là qu'on voit alors ces eaux perdre leur courant et envahir les maisons.
Buterere est l'une des zones de la mairie de Bujumbura, située au Nord-Ouest de cette ville. C'est un quartier frontalier de l'Aéroport international de Bujumbura, non loin du Lac Tanganyika. Son sol est sableux et fragile. Entouré de terrais marécageux, il se trouve qu'elle est proche de la nappe phréatique, car l'eau de son sous sol ne se situe qu'à deux mètres de profondeur. D'où l'eau qui y inonde tarde même à tarir.
Et pendant que l'administration locale interpelle à la population de disposer leur force pour entretenir les canaux d'évacuation des eaux courantes et le lit de cette rivière en attendant l'intervention de l'Etat, les habitants, eux, craignent plutôt l'irruption des maladies épidémiques liées à la propagation des saletés, comme le choléra, car le débordement de ces eaux de pluies a même atteint les toilettes. Ils réclament en effet l'intervention urgente des services sanitaires et d'assainissement et les mesures durables de protection de leur milieu.
Médiatrice Ndimurukundo, Paroisse Buterere