Et pour tous les Burundais, le moment de réflechir sur le sens original du «Patriotisme» pour que chacun se défasse des conceptions contemporaines qui tendent à le réduire à une simple légitimation
Pour sa toute première fois, le Burundi a célébré, en ce Mardi 08 Juin 2021, la Journée Nationale du Patriotisme. Ce fut aussi l'occasion de commémorer le premier anniversaire de la mort du Président Pierre Nkurunzi ce 8 juin 2021, récement élevé au rang de «Guide suprême du patriotisme».
Les festivités, présidées par S.E. Evariste Ndayishimiye, Président de la République du Burundi, se sont déroulées à Gitega, la nouvelle Capitale politique du pays, précisément au Mausolée de Feu S.E. Pierre Nkurunziza, ex Président de la République, devant l'immense monument funéraire qui est en train d'y être érigé.
Le Couple Présidentiel était entouré par la Famille biologique de feu Président Pierre Nkurunziza, les Hautes Autorités du pays et des milliers de burundais rassemblés à Gitega, en pagne à l'effigie du Président défunt, pour rendre hommage au Guide Suprême du Patriotisme. Avaient également pris part à ces cérémonies, les membres du Corps Diplomatique et Consulaire accrédités au Burundi, ainsi que les Membres d'une grande délégation tanzanienne conduite par le Vice-Président de la Tanzanie S.E Philip Mpango.
Prières, chansons rendant hommage à Feu Pierre Nkurunziza, et discours, se sont succédés, avec en point liminaire, celui du Président de la République,
S.E Evariste Ndayishimiye, qui a justifié son élévation posthume au rang de «Guide suprême du patriotisme», en le décrivant comme
«un Patriote hors du commun, qui était prêt à tous les sacrifices pour le bien et la dignité du peuple burundais, un grand artisan de la Paix et de la Réconciliation nationale».
«La véritable manière de rendre hommage à notre Guide suprême du Patriotisme, c'est de pérenniser sa vision et ses actions, non pas seulement dans les paroles, mais aussi dans nos façons de vivre», a déclaré l'actuel Président de la République, sengagant à préserver l?héritage de feu Pierre Nkurunziza qui, pour lui, était comme un Père. Il aussi a exhorté ses compatriotes à mettre en pratique ses précieux conseils.
S.E Feu Président Pierre Nkurunziza est le premier burundais élevé au rang de «Guide suprême du patriotisme», le titre honorifique lui attribué en guise de reconnaissance de son engagement et de son dévouement exceptionnel à la défense de la souveraineté nationale, à l'éveil de la conscience des Burundais en se basant sur la primauté de Dieu, valeur ancestrale du peuple Burundais, et à l'amour de la Patrie.
Le sens original du «Patriotisme» et ses conceptions contemporaines
Le mot «Patriotisme» désigne le dévouement d'un individu envers le pays qu'il reconnaît comme étant sa patrie, c'est-à -dire le «Pays des pères» (en anglais, «Fatherland»). Ce concept date de 1750, et désigne l'attachement sentimental ou politique à sa patrie.
Et pour le concept de «Patrie», quant à lui, et selon sa version relativement moderne et guerrière, il est dit que c'est le «Pays, la Nation, pour lesquels on est prêt à se sacrifier», alors que la version plus sereine dit que c'est «le lieu où l'on a ses attaches familiales ou/et émotionnelles, voire, à l'occasion d'une immigration, que c'est le pays que l'on a élu pour y faire sa vie» (Dictionnaire Le Robert, édition de 1967).
Depuis les temps, à travers le monde, le Patriotisme accordait une place importante à l'armée et aux symboles militaires, et présupposait généralement l'idée du sacrifice de soi. Car il s'était nourri de l'injonction de défendre le territoire national dans les conflits militaires, tout en étant placé au coeur des processus de construction nationale pour fournir des éléments d'identification positifs à l'imaginaire collectif.
Mais au cours de ces dernières décennies (depuis le XXIe siècle), le «Patriotisme» contemporain tend à réduire le concept à la globalisation, qui met en question la pertinence du cadre de l'État-nation, et par conséquent, à faire reculer le Patriotisme dans sa version traditionnelle. En certains lieux et contextes, il est attaché à un mode de légitimation, et certaines pratiques sociales l'accompagnent. C'est ainsi qu'il devient une source de tensions, au lieu d'être une force d'unité.
De facteur, le «Patriotisme» se modèle donc en fonction du rapport que les individus ont construit au fil du temps avec la communauté. Les anthropologues soulignent l'importance de l'héritage historique dans la façon de se dire «Patriote».
Toi aussi, n'aimerais-tu pas voir un jour dans ton pays, la persistance du «Patriotisme», avec son sens original? Oui, le «Patriotisme» au sens propre du terme et avec sa fonction rélle de maintien de la cohésion du groupe national. Alors, ton devoir reste celui d'étudier comment ramener l'autre confrère Patriote dans la dynamique effective du «véritable Patriotisme» au service de l'État, un meilleur moyen d'asseoire le respect des obligations civiques dans notre société.
Michel Nibitanga, CEDICOM