En vue d'un début solennel de careme pour les Hauts Cadres Burundais, une
messe a été célébrée spécialement à l'intention des hauts dignitaires du pays, dans la soirée
du Mercredi 02 Mars 2022, dans la chapelle Regina Mundi. Désireux de rester fidèles à leurs engagements baptismaux, ils sont venus en nombre appréciable se faire imposer des Cendres sur leur front.
«Ils», ce sont des Ministres, des Honorables Députés, des Directeurs Généraux et des anciens chefs d’Etat Burundais, pour ne citer que ceux-là ! L’on pouvait les écouter chanter des paroles de supplication inspirées du Psalmiste: «Comme une biche qui désire l'eau vive, ainsi mon âme te cherche, ô mon Dieu; elle a soif de toi, Dieu de toute vie!» [Ps 42-43(41-42)]. Une chorale les y a aidé, celle des Edudiants de l'Université Lumière de Bujumbura, campus Kinindo.
Oui,
chanter ainsi car ils venaient d’être touchés par les bons conseils salvateurs
du célébrant principal, l’Abbé Jérémie Bukene, l’un de leurs Aumôniers qui a
présidé la messe, en concélébration avec deux autres aumôniers, l’Abbé
Dieudonné Niyibizi, Aumônier principal, et l’Abbé Janvier Nizigiyimana, nouveau
dans l’Aumônerie.
Dans
son homélie, l’Abbé Jérémie Bukene a indiqué que par la nature pécheresse de l’homme,
fils du premier Adam, il a quelque chose qu’il a perdu: l’union avec Dieu, car
il s’est isolé contre son Créateur pour cause de la désobéissance à son
commandement. En revanche, «Ce que l’homme avait perdu de par le premier Adam, mortel,
a été récupéré de par le dernier Adam, le Christ, le Fils vivifiant de Dieu qui
ressuscite des morts l’homme-poussière en lui redonnant une nouvelle Vie éternelle»,
a signalé le prêtre.
Selon cet Aumônier, c’est cette rébellion contre Dieu qui a plongé l’homme dans une condition terrible, jusqu'à ce que l’espèce humaine en subisse des répercussions. Des péchés commis par des millions de gens font, non seulement souffrir l'humanité, mais aussi privent les gens de ce que Dieu avait de meilleur à leur offrir: la Vie éternelle.
L’Abbé
Jérémie Bukene a soulevé également un autre aspect important qui freine l’homme
à avancer vers son Créateur: la propension à l’arrogance ou à ne pas reconnaître
ses torts. Il a indiqué: «Si vous voulez résolument connaître que vous vous êtes
perdus dans le péché ou pas, approchez-vous de quelqu’un d’intègre, celui qui est
réellement susceptible d’oser vous dire la vérité sur votre caractère; et si
vous réussissez à dépasser vos honneurs pour vous humilier devant Dieu, vous
serez sauvés!»
L’Aumônier
principal aussi, l’Abbé Dieudonné Niyibizi, a abondé dans le même sens, dans le
mot qu’il a prononcé en fin de la messe quand il annonçait le programme des retraites
des chrétiens intellectuels durant le Carême. Il a dit: «Un Haut Cadre, aussi
bien que tout autre fonctionnaire, ne se sanctifie pas seulement en messe; il
se sanctifie aussi sur son lieu de travail, sanctifie son travail, et sanctifie également ses collègues par ses valeurs chrétiennes!»
Il
a rappelé que l’Aumônerie des intellectuels fonctionnaires et des Hauts Cadres est
le fruit des actes du premier synode diocésain (initié dans l’année pastorale 2005-2006
et conclu en 2019), dans lequel les fidèles Catholiques ont exprimé eux-mêmes leur
soif que l’Eglise puisse leur offrir un accompagnement spirituel spécifique
adapté à leurs réalités professionnelles.
La
Liturgie des Cendres est héritée de la tradition juive comme une démarche de
conversion qui invite les chrĂ©tiens Ă suivre les conseils du prophète JoĂ«l et Ă
pratiquer une conversion plus intérieure que démonstrative.
Renvoyant
à Adam condamné à retourner à la poussière, le rite des cendres sur la tête de
l’homme avait à l’origine, chez les juifs, une signification de témoignage de
pénitence. Plus tard, dès le III-ème et le IV-ème siècle, l’Église faisait ce
rite sur la tête des pénitents après avoir entendu la confession publique de
leurs péchés, puis elle les chassait de la messe jusqu’à leur réintégration, le
Jeudi saint. Ceux qui avaient gravement péché recevaient le sac et la cendre
pour s’en vêtir durant un temps de pénitence, avant leur réintégration dans la
communauté.
Aux
alentours du Xème siècle, ce geste s’est étendu dans l’Eglise, à tous les
fidèles: ceux-ci demandèrent eux-mêmes à recevoir de la même façon la pénitence
de leurs péchés, même véniels, pour marquer le début d’une démarche de
conversion plus intérieure. Cela donna alors lieu à l’instauration du temps de Carême
tel que vécu par l’Eglise contemporaine.