En
vue de la préparation du 56ème Journée Mondiale des Communications
Sociales, le Noyau des Journalistes Catholiques de Bujumbura et des
professionnels des médias, soutenus par l’Aumônerie des intellectuels, des
fonctionnaires et des Hauts Cadres Catholiques du Burundi vivant dans l’Archidiocèse
de Bujumbura, et en collaboration avec le Centre Diocésain de Communication de
Bujumbura, (CEDICOM en sigle), a organisé une conférence, le mercredi 25 Mai
2022. Cette conférence s’est tenue dans l’une des salles de la Conférence
Episcopale de l’Apostolat des Laïcs (CEAL), communément appelé chez le journal «Ndongozi».
En référence au message du pape François pour la 56ème Journée Mondiale des Communications Sociales, ces journalistes Catholiques de Bujumbura voulaient développer une réflexion théorique et pratique sur le thème: «Ecouter avec l’oreille du cœur». En effet, le Noyau de ces journalistes s’était proposé trois sous-thèmes: l’écoute journalistique sur terrain et dans les rédactions à la quête de la vérité des faits; l’écoute empathique pour une saine communication envers les personnes vulnérables; l’écoute sociale et politique au service de la réconciliation au Burundi.
Ces
sujets ont été présentés respectivement par trois conférenciers: Monsieur
Léandre Sikuyavuga, Président du Noyau des Journalistes Catholiques de
Bujumbura, en même temps spécialiste en journalisme et l’un des responsable des
médias (Directeur du Journal «Iwacu», Monsieur Alain Joseph Hatungimana,
Psychologue, Fondateur et Directeur Exécutif de l’Association burundaise «Psychologue
Sans Vacances», et Monsieur l’Abbé Dieudonné Niyibizi, Docteur en Communication
Pastorale et Sociale, aussi Aumônier Principal de l’Aumônerie haut mentionnée
et Directeur du Centre Diocésain de Communication de l’Archidiocèse de
Bujumbura (CEDICOM).
L’Aumônier
principal ayant les Journalistes Catholiques dans sa mission pastorale, Monsieur
l’Abbé Dieudonné Niyibizi, dans son mot d’ouverture de la conférence, après
avoir rappelé l’objet de la conférence et le thème autour duquel les
participants allaient mener une réflexion, il a rappelé que le Burundi a connu
un passé composé, un passé lourd, dont les astres projettent des couleurs
douloureuses hélant même dans le présent, un passé imparfait qui,  malheureusement, semble ne pas passer.
Pour
lui, ce passé exige de le lire avec des yeux ouverts à l’avenir car, même si
elle est sombre et avec des lettres perdues ou effacées, les burundais le
gardent encore en eux, donc c’est leur vie. «Le mal s’imprime avec des
caractères fort colorés dans une mémoire de la victime», a indiqué l’Aumônier, signalant
que cette victime est un maillon d’une grande famille aussi victime, et qu’une
mémoire collective est transmise de générations en générations.
Et
de demander aux professionnels de l’information présents d’apprendre à écouter
les différentes catégories de personnes constitutives de cette famille, pour
que ces victimes ne continuent pas de garder cette page sombre dans leurs cœurs
alourdis, et surtout pour les amener à s’ouvrir au pardon et à la
réconciliation. «La tourner [la page sombre], c’est passer d’un temps imparfait
au temps plus que parfait ou l’on s’ouvre au pardon et à la réconciliation»,
a-t-il porté à la réflexion, le prêtre, rassurant que c’est à travers l’écoute
avec l’oreille du cœur qu’on peut y arriver!
C’est
le premier conférencier, Monsieur Léandre Sikuyavuga, qui a relancé la
réflexion sur le thème, avec le premier sous-thème. Il a reconnu que l’écoute
journalistique sur terrain (à la quête de l’information) et à la rédaction (pour
donner forme aux éléments collectés), cette opération n’est pas facile car, d’une
part, sur terrain, certaines sources d’informations ont à leur disposition une
panoplie de moyens destinés à exercer sur le journalisme une pression, d’autres
refusant de s’exprimer, et d’autre part, à la rédaction, ces journalistes ont l’obligation
de trouver, coûte que coûte, de quoi remplir des colonnes des journaux ou
diffuser sur des antennes, parce que le public qui l’attend a soif de l’information.
«Devant
ce dilemme, il faut une écoute de soi, un discernement d’esprit pour juger et
jauger ce que l’on voit, ce que l’on entend, et ne pas surtout tomber dans un
piège, afin de pouvoir adopter une attitude qui rassure les sources d’informations
qui, par la suite, donneront volontiers l’information de leur propre gré, parce
qu’il ont confiance», a-t-il recommandé, informant que cela demande parfois un supplément
d’âme qui raisonne dans les cœurs des journalistes, d’autant plus que même dans
la rédaction, sous la pression de leurs rédacteurs en chef, l’écoute et le
discernement continuent pour produire une information calibrée à diffuser dans
les plus brefs délais, afin d’éviter des dérapages.
Le
deuxième conférencier, Monsieur Alain Joseph Hatungimana, essayant de faire
saisir la dimension empathique de la considération d’un journaliste qui va sur
terrain pour récolter des informations, il a d’abord explicité le concept de «personnes
vulnérables». Il a indiqué que chaque personne est, d’une manière ou d’une
autre, tantôt en situation de bonheur, tantôt en malheur, selon les
circonstances et les contextes, et que dans tous les cas, elle a besoin d’être
écoutée, soit pour être soutenue dans son contentement, soit aussi pour être sauvé
en cas de peine.
Ce
Psychologue a d’opposé «empathie» de la «sympathie», le premier concept étant «la
capacité de reconnaître les sentiments d’une personne, d’y être sensible, et de
se mettre à sa place pour comprendre comment elle se sent», alors que pour le
second, la «sympathie», on est seulement «touché par des sentiments ou des émotions
d’autrui», sans pour autant chercher à passer à l’étape de s'investir pour le partage
des sentiments. Il a conclu: «Nous devons nous exercer à l’écoute empathique», et
il en a dégagé certains objectifs, dont l’apaisement des conflits (intra ou
interpersonnels et le développement des relations de confiance.
Le
dernier conférencier, l’Abbé Dieudonné Niyibizi, a quant à lui adapté sa réflexion
sur une écoute journalistique lorsqu’il s’agit d’un contexte social relations entre
des intervenants ou lors des entretiens avec des acteurs politiques. Pour lui, l’écoute
d’un journaliste doit amener les gens, en fin de ses émissions, à asseoir un
bon climat dans la société, et chez les acteurs politiques au consensus ou au
compromis, cela au service de la réconciliation.
Il
a signalé que le fondement de sa présentation réside essentiellement dans le
message du pape François à l’occasion de la 56ème journée des
communications sociales, dons il a distribué des copies pour des lectures
personnelles. Il a signalé que le monde est engorgé d’interférences sociales et
politiques qu’il considère comme des sources d’incompréhension, et dont il faut
transformer en communiquant la paix au cœur! Il a demandé aux journalistes d’amener
les protagonistes à s’écouter mutuellement pour chercher ce qui est intéressants
dans les interventions de l’autre, en décourageant des situations de duologues.
Les
conférenciers ont accordé aux participants un temps d’échange. Du point de vue
professionnel, ils ont avancé l’inquiétude que le temps qu’ils ont quand ils
vont sur terrain conviendrait difficilement à approfondir l’écoute de leurs
interlocuteurs qui, souvent, veulent parler longuement. Par ailleurs, saluant
les thèmes de la conférence, ils ont souhaité qu’ils soient pareillement sujets
de développement devant les acteurs politiques, pour assainir le climat souvent
émaillé d’incompréhensions entre eux et les journalistes.
La
Journée Mondiale des Communications Sociales a été instituée en 1966, Ã
l'initiative de l'Eglise Catholique, à l'issue du Concile Vatican-II. Dès lors,
les fidèles Catholiques sont invités à participer à la célébration de cette journée,
l’événement qui se décline le Dimanche entre l’Ascension et la Pentecôte.
Au
cours de cette journée placée sous l’égide de la Communication, les chrétiens
sont invités à découvrir les médias et les supports de communication proposés
par l’Eglise, à méditer sur un message que le Pape publie le 24 Janvier de
chaque année, en la fête de Saint François de Sales (patron des journalistes), mais
aussi à prier pour les hommes et les femmes professionnels de la Communication
et à soutenir les services de l’information et de la Communication.
Et
au cours de cette année en cours, 2022, cette journée qui sera célébrée le
Dimanche 29 Mai, les Journalistes Catholiques de Bujumbura se sont résolus, à l’issue
de leur conférence, de la célébrer en allant visiter l’un des groupes de
personnes vulnérables, qu'ils iront visiter et
écouter, les personnes âgées. Ces dernières, de par leur expérience de vie, elles ont sans doute beaucoup
de belles histoires à raconter aux jeunes générations et de conseils édifiants à leur donner.
Michel
Nibitanga, CEDICOM