On observe, dans nos sociétés, la domination tyrannique d'une logique économique qui exclut et parfois tue, faisant aujourd'hui un très grand nombre de victimes, à commencer par nos personnes âgées. Il ne s'agit plus simplement du phénomène de l'exploitation et de l'oppression, mais de quelque chose de nouveau: l'exclusion de la société dans laquelle on vit, du moment qu'en elle on ne se situe plus dans les bas-fonds, dans la périphérie, ou sans pouvoir, mais on est dehors. Les exclus ne sont pas des "exploités", mais des déchets, "des restes"» (Exhort. apost. Evangelii gaudium, 53).
La situation sociodémographique du vieillissement nous révèle clairement cette exclusion de la personne âgée, surtout si elle est malade, handicapée ou vulnérable, quelle qu'en soit la raison. On oublie trop souvent en effet que les relations entre les hommes sont toujours des relations de dépendance mutuelle, dépendance qui se manifeste à des degrés divers au long de la vie d'une personne et qui émerge principalement dans les situations de vieillesse, de maladie, de handicap et de souffrance en général. Et ceci exige que, dans les rapports interpersonnels comme communautaires, on offre l'aide nécessaire pour chercher à répondre au besoin que présente la personne à ce moment-là .
Mais à la base des discriminations et des exclusions, il y a une question anthropologique: que vaut l'homme et sur quoi se base cette valeur? La santé est certainement une valeur importante, mais elle ne détermine pas la valeur de la personne. La santé, en outre, n'est pas en soi une garantie de bonheur; en effet celui-ci peut se vérifier même en présence d'une santé précaire. La plénitude à laquelle tend toute vie humaine n'est pas en contradiction avec une situation de maladie et de souffrance. Par conséquent, le manque de santé et le handicap ne sont jamais une bonne raison pour exclure ou, pire encore, éliminer une personne.
La famille, elle, est maîtresse en accueil et en solidarité: c'est au sein de la famille que l'éducation rejoint en substance les relations de solidarité. Dans la famille, on peut apprendre que la perte de la santé n'est pas une raison pour discriminer la vie humaine; la famille enseigne à ne pas tomber dans l'individualisme et à équilibrer le «je» avec le «nous». C'est là que «prendre soin de l'autre» devient un fondement de l'existence humaine et une attitude morale à promouvoir, à travers les valeurs de l'engagement de la solidarité.
Le témoignage de la famille devient crucial face à toute la société lorsqu'il réaffirme l'importance de la personne âgée comme sujet d'une communauté, avec sa mission à accomplir, et qui seulement en apparence reçoit sans rien offrir. «Chaque fois que nous cherchons à lire les signes des temps dans la réalité actuelle, il est opportun d'écouter les jeunes et les personnes âgées. Les deux sont l'espérance des peuples. Les personnes âgées apportent la mémoire et la sagesse de l'expérience, qui invite à ne pas répéter de façon stupide les mêmes erreurs que dans le passé» (ibid., 108).
Une société est vraiment accueillante à l'égard de la vie quand elle reconnaît que celle-ci est précieuse aussi dans la vieillesse, dans le handicap, dans la maladie grave et même lorsqu'elle s'éteint; quand elle enseigne que la vocation à se réaliser humainement n'exclut pas la souffrance mais, au contraire, enseigne à voir dans la personne malade et souffrante un don pour toute la communauté, une présence qui est une invitation à la solidarité et à la responsabilité.
Voilà l'Évangile de la vie, soutenus par la grâce, que vous êtes appelés à respecter. Nous souhaitons à toute la famille humaine de préserver cet esprit. Que le Seigneur vous bénisse et que la Vierge vous protège toujours.
(Source: Site web de la Famille Missionnaire l'«Evangile de la Vie», http://www.evangelium-vitae.org à Bollène, Message du Pape François aux membres de l'Académie Pontificale pour la Vie, 20 février 2014)