Une journée de commémoration de
défuntes victimes des différents cycles de violences inter-burundaises qui ont
endeuillées la population de la localité de Gasura a été organisée, le Dimanche
26 Juin 2022, par les fidèles de la Paroisse Gasura, sous la supervision de la Commission
Diocésaine Justice et Paix (CDJP-Bujumbura).
Au cours de cette célébration
eucharistique, les fidèles de la Paroisse Gasura ont prié pour les âmes des
personnes tuées lors les différentes crises
qui ont secoué le Burundi, aussi bien celle de «1972» que celle de «1993».
Les festivités marquant la
célébration de cette journée ont débuté par une célébration eucharistique
présidée par Monseigneur Anatole Ruberinyange, Vicaire Général de
l’Archidiocèse de Bujumbura, qui a concélébré avec plusieurs prêtres dont l’Abbé
Anicet Shumbusho, Secrétaire Exécutif de la CDJP Bujumbura, et l’Abbé Charles Karorero,
Secrétaire Permanent de la CEJP Burundi.
Parmi les invités d’honneur
figurait Monsieur Philippe Nzobonariba, ancien porte-parole du Gouvernement
burundais, invité pour être à la fois natif de cette Paroisse de Gasura et l’un
des rescapés des crimes de «1972», et Monsieur Aimé-Pascal Nduwimana, qui, bien
que d’obédience protestante, est aussi acteur de la société civile pour la
cause de la Paix et la Réconciliation, à travers l'association «MAC» (Ministère
Africaine de la Compassion) dont il est Président.
Selon Monseigneur Anatole
Ruberinyange, les violences commises par les burundais seraient à l’origine des
divisions observées, notamment ethniques. Et par rapport à ces division, il a exprimé
son point de vue: «Les burundais partagent un même statut de personne humaine, et
ils ont hérité d’une même Nation, ils ne devraient donc pas s’entretuer!»,
a-t-il renchéri.
Il a par-là indiqué qu’une telle
célébration des mémoires de défuntes victimes est une occasion de demander
pardon à Dieu. Partant, il a lancé un appel vibrant à toute la population de Gasura
d’être de vrais artisans de paix. Et d’ailleurs, pour lui, toute personne qui refuse
de pardonner, elle ne peut pas vivre libre et
en paix, d’autant plus que Jésus demande de pardonner, car le pardon
libère et guérit. Il a terminé en disant que c’est dans la prière que les
burundais trouveront la force de détruire le mur de la haine et ainsi réussir Ã
pardonner.
À part la célébration eucharistique,
la commémoration de défuntes victimes des cycles de violences inter-burundaises
dans la Paroisse Gasura a été marquée par des jeux de simulation des défis de
la guerre, ainsi que l’instauration d’une culture de pardon et de la réconciliation.
Ces jeux ont été présentés par des groupes des gens issus des familles des héros
qui ont su pardonner.
Aussi, des discours ont été prononcés, renfermant des messages de témoignages du passé douloureux et du pardon réussi, d’autres chantant l’éloge de certaines personnages qui se sont démarqués par le sens de protection des personnes en danger.
Le discours liminaire a été prononcé
par l’Abbé Pierre Claver Ntahondereye, Curé de la paroisse Gasura. Il a signalé
le contexte dans lequel s’inscrivait la célébration de ladite journée. Il a
indiqué qu’elle a été organisée dans le but de mettre en application les vœux de
la population de la localité de Gasura, désireuse de vivre une communauté réconciliée.
Pour décrire l’ampleur des crimes
commises, il n’a pas manqué de présenter certaines statistiques sommaires: 1025
personnes tuées sur toutes les collines de la zone Gasura pendant les crises
répétitives qui ont endeuillé la population depuis l’indépendance du Burundi,
du moins celles qui ont été déclarées par les leurs, tout en reconnaissant que ce
chiffre n’est qu’indicatif, car il y en a qui n’ont pas eu le courage de déclarer
les leurs.
Pour lui, certaines personnes ont été tuées du fait qu’elles avaient réussi à se hisser parmi les intellectuels, d’autres parce qu’elles étaient fonctionnaires de l’Etat, d’autres victimes de leurs richesses. Pour certains, leur mort fut un véritable martyre.
Le Curé a signalé
que chaque témoignage montre combien était atroce la mort subie. «La
Commémoration est une occasion de rendre hommage à toutes ces victimes
innocentes des différentes crises», a-t-il martelé. Il a en effet remercié la CDJP-Bujumbura
pour son appui à l’organisation de cette journée.
La commémoration fut aussi une occasion de rencontrer les anciens de Gasura qui, pour diverses raisons, ont quitté la zone, notamment Monsieur Philippe Nzobonariba qui, lui aussi, a indiqué avoir failli succomber pour avoir été de la classe des intellectuels, mais sauvé par un vieux Magistrat d’ethnie adverse, du nom de Bigumaguma.
D’autres témoignages ont été donnés aussi bien par les natifs de la région que par les autorités administratives présentes, qui ont salué largement Cette initiative, et qui ont demandé à toute la population de Gasura de tirer leçon de cette journée pour l’avenir des jeunes générations.
Tous les intervenants ont émis le souhait de voir la paix
et la réconciliation devenir une
réalité. Ils ont souhaité que ce qui s’est passé dans ne puisse plus se répéter.
Les jeunes générations doivent être
protégées contre toute forme de violence et ainsi œuvrer pour une société où il
fait bon vivre.
Pour la CEJP Burundi, cette journée
est une preuve éloquente que tout le pays a besoin. Il a promis que l’Eglise
Catholique compte organiser la même commémoration à l’échelle nationale. Il a
interpellé les trois paroisses de l’Archidiocèse de Bujumbura qui ont déjà franchi
cette étape (Kivoga, Muramvya et Gasura), de par les groupes porteurs du
message de paix et de réconciliation, de s’apprêter à apporter leur coup de
main dans l’encouragement d’autres Diocèses pour le même but.
Signalons qu’en vue de préparer la célébration
de cette journée, des enseignements avaient été donnés par la CDJP-Bujumbura.
Aussi, des séances d’écoute avaient été organisées.
Michel Nibitanga, CEDICOM