1.
La Paroisse,
lieu de la résurrection
Introduction
Si Saint Jean
Marie Vianney, le curĂ© d'Ars disait quâen laissant une paroisse vingt ans sans
prĂȘtres, les chrĂ©tiens adorent des bĂȘtes, qu'en est-il du peuple de Dieu sans
paroisse? Il devient la proie des doctrines des loups rapaces.
"Tous les
sangliers des forĂȘts ravagent la vigne du Seigneur" (Ps 80, 14), le peuple
de Dieu subit la dispersion et chacun prend son sentier qui ne mĂšne nulle part.
Saint Paul, dans son discours d'adieux prononcĂ© devant la communautĂ© d'ĂphĂšse
prévient aux chrétiens ce qui va leur arriver (Actes 20, 28-35).
Kirombwe,
comme cette communautĂ© sans identitĂ© juridique, qu'est la paroisse, et par lĂ
sans prĂȘtre permanent qui le guide dans "les verts pĂąturages de la
grùce" (Ps 23), vivait dans la captivité.
Pour prendre
en dérision cette zone martyrisée jadis par les affrontements continus des
belligérants qui ont causés, à cÎtés des morts, tant de blessures intérieures
et des traumatismes, quelqu'un pouvait dire, comme NathanaĂ«l, Ă un prĂȘtre ressortissant:
"de Kirombwe, peut-il vraiment sortir quelque chose de bon ?"
Quand la
nouvelle nous est parvenue que finalement cette terre «abandonnée»,
sera bientÎt érigée en une Paroisse, notre bouche était pleine de rire. Nous
Ă©tions dans une grande fĂȘte. On disait parmi les nations: quelle merveille fit
pour eux le Seigneur? Nous Ă©tions en grande fĂȘte (Ps 126,1-3). Qui sĂšme dans
les larmes moissonne dans la joie ! (Ps 126, 5)
C'est
effectivement dans un contexte de grande fĂȘte, le jour des ordinations
sacerdotales, un jour mémorable et inoubliable, ce samedi du neuf juillet deux
mille vingt-et-deux dans la Paroisse Sainte Anne de Musaga, que son excellence
monseigneur Gervais Banshimiyubusa, mû par sa sollicitude et préoccupation
pastorale, a annoncé la nouvelle.
Certains
pouvaient se demander: est-ce que notre pasteur a été inspiré par sainte Anne,
la sainte patronne de la paroisse de Musaga oĂč a eu lieu les ordinations ou par
sainte Rita de Cascia?
Nous ne pouvons pas répondre à ces questions, seulement "Dieu a ses temps et ses saisons" dans son action salvifique, si nous empruntons les paroles chÚres du grand théologien, Hans Urs Von Balthasar.
2.
La Paroisse, lieu du pardon et de la réconciliation
Saint Paul disait: "Laissez-vous réconcilier avec Dieu" (2Cor.5,20). Le pardon est la gratuité de Dieu qui montre sa miséricorde aux pécheurs que nous sommes. En tant que grùce envers celui qui méritait la punition selon la justice, la réconciliation est le mouvement de rencontre pour recoudre le tissu de l'amitié et de la fraternité rompue.
En grec, la
réconciliation "katallasso",
signifie justement l'ouverture qui change lâinimitiĂ© et lâhostilitĂ© en un
rapport nouveau dâamitiĂ© et de concorde. Ce mouvement est rendu possible par le
Christ présent dans son église, dans la communauté qui se nourrit de sa parole
et de son pain eucharistique, qui reçoit son pardon dans le sacrement de la
confession.
Sans la
paroisse, les chrétiens qui doivent parcourir tant de kilomÚtres pour aller
prier, quelques fois avec retard, finissent par tomber dans l'acédie
spirituelle et dans l'oubli de l'essentiel de la foi. Dans ces circonstances,
ils sont exposĂ©s Ă toutes les tempĂȘtes. On est, certes, baptisĂ© sans ĂȘtre
chrétien, car la vie chrétienne est un petit grain qu'il faut arroser,
entretenir Ă tout moment et Dieu donne la croissance.
La
rĂ©conciliation est impossible lĂ oĂč il n'y a pas de communautĂ© soudĂ©e par
l'eucharistie. C'est pourquoi, cette nouvelle paroisse de Kirombwe vient au
moment opportun pour que ses habitants rĂ©alisent ensemble leur destinĂ©e d'ĂȘtre
chrétien non en parole mais dans le concret de notre quotidien.
3.
La Paroisse, lieu de promotion spirituelle et sociale.
Jésus dans son allégorie du bon
pasteur dit qu'il y aura un seul troupeau et un seul pasteur (Jn 10,16). Dans
sa priĂšre sacerdotale il dit: "Que tous soient un" (Jn 17,21). LĂ oĂč
il y a l'unité dans la riche diversité, il y a la paix et le développement.
La paroisse, comme «communauté précise de fidÚles
constituĂ©e dâune maniĂšre stable dans lâĂglise particuliĂšre» (c.515 §1), a
cette vocation, voire un charisme de susciter la promotion de tout homme et de
tout l'homme.
Comme le disait Saint Paul VI,
dans son encyclique, populorum progressio,
"le développement est le nouveau nom de la paix". Quand le peuple est
enraciné dans la parole du Christ, communie à son corps et à son sang, son
corps mystique s'élÚve harmonieusement vers la clef de voûte, l'Unique
Nécessaire selon les paroles du philosophe français, Maurice Blondel, car qui
converge monte et qui monte converge d'aprĂšs Teilhard de Chardin.
C'est donc ce
levain dans la pùte de l'humanité qui manquait dans la zone de Kirombwe. A mon
avis, avec la création de cette Paroisse, toutes les énergies formeront une
synergie dans un accord parfait, comme pour former un tissu sans couture, la
communauté non psychologique dont les fins sont uniquement la survie et le
sauve qui peut, mais une communautĂ© charismatique marquĂ©e par l'attention Ă
l'autre, l'attente dans l'action du ciel nouveau et de la terre nouvelle. Ă
Kirombwe, "le désert fleurira".
Rendez grĂące
au Seigneur, car il est bon, car Ă©ternel est son amour (Ps 118,1). Ces mots du
psalmiste qui contiennent un message fort, je les retourne en dédicace à la
communauté de la nouvelle Paroisse.
Puisse le
Seigneur qui a fait grĂące Ă son peuple lâaider dans le rĂ©veil de conscience afin
dâĂȘtre toujours prĂȘt Ă contribuer activement Ă la construction et au
dĂ©veloppement de la jeune Paroisse. QuâIl bĂ©nisse et fortifie notre pasteur, lâArchevĂȘque
de Bujumbura qui a daignĂ© rĂ©pondre Ă notre requĂȘte et nous offrir ce cadeau
inoubliable.
Seigneur, toi
qui dans ta providence nous a maintenus en vie au milieu des tempĂȘtes, nous te
rendons grĂące. Maintenant que tu nous fais crier de joies, je comprends que tout
ce que nous avons dû affronter nous préparait à recevoir, le moment venu, ce
don précieux et nécessaire pour notre
croissance spirituelle.
Merci pour
avoir voulu que nous passions par une purification comme lâor que lâon vĂ©rifie
par le feu, afin que, le moment venu tu puisses nous montrer ta puissance en changeant
la tempĂȘte en brise.
Abbé Epitas Ngendakuriyo