L’entretien accordé par le Pape
François à l'agence «Associated Press», ce Mercredi 25 Janvier 2023, a suscité
de vives réactions dans l’opinion publique. Qu’a-t-il dit au juste? Quelle interprétation
se donne l’opinion? Certes, les
passes d’armes ont été d’autant plus vives que la pensée du Pape sur le sujet pénètre
difficilement dans l’opinion publique. Il importe donc d’éclairer le sujet.
Le pape François a
déclaré: « Être homosexuel n'est pas un crime», tout en ajoutant que
cette orientation sexuelle constitue à ses yeux « un péché ».
En effet, jusqu’à présent, en droit canonique, l’homosexualité
n’est pas encore érigée en délit, n’empêche que l’homosexualité reste un péché.
Le délit est de l’ordre juridique pénal, tandis que le péché est de l’ordre
moral religieux.
L’infraction (crime, délit, contravention) est un
comportement humain auquel le législateur attache une peine, parce que portant
atteinte à l’organisation de la vie sociale et aux valeurs essentielles de la
société. Ce comportement interdit doit être déterminé par la loi. Seuls les
comportements érigés en infraction sont sanctionnés par le droit pénal. Tout
autre comportement, même s’il est perturbateur ou contraire à la morale, s’il
n’est pas prévu ni puni par la loi, ne peut faire l’objet de poursuites. C’est
le principe de la légalité en droit pénal.
L’Enseignement
de l’Eglise, «s’appuyant sur la Sainte Ecriture, qui les présente comme des
dépravations graves, la Tradition a toujours déclaré que les actes homosexuels
sont intrinsèquement désordonnés. Ils sont contraires à la loi naturelle. Ils
ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne procèdent pas d’une
complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne sauraient recevoir
d’approbation en aucun cas » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n.
2357.
Cet enseignement de l’Eglise
considère l’homosexualité comme un comportement foncièrement mauvais du point
de vue moral, et ceux qui se trouvent dans cette condition ne doivent pas
croire que l’actualisation de cette tendance dans les relations homosexuelles
est une option moralement acceptable.
Le pape François est contre toute forme de
violence, d’où il dit que les homosexuels ne devaient pas être marginalisés ou
discriminés, mais qu’ils devaient être accueillis avec amour et respectés en
vue de leur conversion, c’est pourquoi il condamne les lois qui criminalisent
cette pratique. C’est sous cet angle qu’il avait dit, en 2019: «Qui
suis-je pour les juger?».
Il ne les canonise pas, il ne les
condamne pas non plus; ce sont des pécheurs, de par cette pratique. Il reconnaît l'homosexualité comme un péché, au même
titre que l'adultère, les mensonges et d'autres péchés, mais pas comme un crime.
Le Pape ne change pas l’enseignement de
l’Eglise sur l’homosexualité. Il ne soutient pas les homosexuels dans leur
pratique mais les invite à la conversion. Il appelle les fidèles à ne pas leur
jeter la première pierre. En
effet, une soixantaine de pays dans le monde criminalisent les relations
sexuelles entre personnes de même sexe. Dans onze de ces États, l'homosexualité
est passible de la peine de mort, selon l'organisation Human Dignity Trust.
Par contre, «au sein même de l'Eglise s'est formé un courant, constitué par des
groupes de pression aux appellations diverses et de dimensions variées (…). On
tente de réunir sous l'égide du Catholicisme des personnes homosexuelles qui
n'ont aucune intention d'abandonner leur comportement homosexuel (…). L'Eglise
ne peut manquer de se préoccuper de tout cela et maintient donc fermement à ce
sujet sa position claire, qui ne peut être modifiée sous la pression de la
législation civile ou de la mode du moment» (cf. Lettres aux
Évêques de l’Église catholique sur la pastorale à l’égard des personnes
homosexuelles, 1986.)
L'Église, de par la mission du Bon Pasteur, peut et doit œuvrer pour mettre fin à ces lois en invitant les Etats à l’abrogation des réglementations de
condamnation définitive d’un côté, et en allant à la recherche des brebis
égarées, fatiguées ou blessées par les parcours de vie d’autre côté.
Abbé Dieudonné Niyibizi, CEDICOM