Dans le cadre de la célébration des mémoires
des personnes emportées par les différentes crises que le Burundi a connues, la
CDJP Bujumbura, en collaboration avec la paroisse Kiganda, a organisé à cette
paroisse, le Dimanche 18 juin 2023, une série d’activités, dont une messe de célébration
de ces mémoires sur le thème : « En mémoires des nôtres, Pardonnons-nous
mutuellement, réconcilions-nous pour guérir nos blessures et cohabiter pacifiquement.
»
Son S.E Mgr Gervais Banshimiyubusa, l’Archevêque de Bujumbura,
a présidé cette messe en présence des familles ayant exprimés leurs désirs de
prier pour les leurs. Cette messe était concélébrée par le vicaire général de
l’Archidiocèse de Bujumbura, Monseigneur Anatole Ruberinyange, le Curé de la
Paroisse Kiganda et Vicaire Episcopale de Muramvya, l’Abbé Pierre Claver Ndayiragije,
le Secrétaire Exécutif de la CDJP BUJumbura et son adjoint, les Abbés Anicet Shumbusho
et Sylvestre Barampama ainsi que d’autres prêtres exerçant leur apostolat dans
le Diocèse de Bujumbura.
Etaient présent aussi les agents de la coopération Agiamondo
pour le Service Civil pour la paix dans la région des grands Lacs (Burundi, Rwanda
et RDC) ainsi que des autorités administratives, quelques élus locaux et les
natifs de la commune Kiganda exerçant leurs travaux en dehors de leur commune.
S.E Mgr l’Archevêque de Bujumbura, dans son homélie, a
félicité les chrétiens de la Paroisse Kiganda pour cette démarche déjà amorcée en
vue du pardon et de la réconciliation. Pour lui, le pardon et la réconciliation
font partie de la charpente de l’existence humaine. « Et Certes entreprendre
un processus de la démarche du pardon et de la réconciliation exige une sorte
de pastorale en synergie car le pardon et la réconciliation rencontrent les
hommes et les femmes de tout âge dans leurs milieux de vie », a-t-il martelé.
Il a surenchérie que chacun rencontre la question du
pardon et de la réconciliation avec son expérience intime qui touche son
identité personnelle ou collective et que par ailleurs, les personnes blessées
dans leurs cœurs, quand elles ne sont pas aidées pour se libérer, la
cohabitation pacifique devient difficile et fragile, et leur entourage en pâtit,
ce qui fait que sans une réelle conversion des cœurs des personnes, les
initiatives de reconstruction de la paix, même politiques, deviennent compliquées.
S.E Mgr Monseigneur l’Archevêque a rappelé que la paix
était même dans les préoccupations du Christ. L’on se souviendra du moment de
la Pentecôte, quand Jésus ne souhaita à ses apôtres autre chose que la Paix et
qu’Il leur donna le pouvoir de pardonner les péchés, ce qui signifie que Jésus
lui-même savait que le cœur obscurci par le péché n’a pas la paix et par conséquent,
ne peut pas donner la paix aux autres.
On comprendra d’ailleurs de cette manière pourquoi l’Archidiocèse
de Bujumbura, voire même toute l’Eglise du Burundi, propose une pastorale de pardon
et de réconciliation à travers les services respectifs de CDJP et CEJP. « Cette pastorale est là pour faire
découvrir aux hommes et femmes le sens de la souffrance du péché et la façon
dont Dieu peut être une source du salut et de libération », a-t-il
souligné.
S.E Mgr l’Archevêque a terminé son homélie en souhaitant
aux auditeurs de devenir les artisans de Paix là où ils vivent et a par-là exprimé ses vifs remerciements à tous ceux qui se sont donnés pour que cette étape
soit franchie. Il a invité particulièrement l’AGIAMONDO pour le service civil
pour la paix dans ses attributions, ainsi que d’autres acteurs de la paix qui
le souhaitent, de continuer toujours à soutenir cette œuvre louable de
promouvoir le pardon et la réconciliation en vue d’une pacification sociale
durable.
Pour le compte de la CDJP Bujumbura, organisatrice de cette activité de Kiganda, le Secrétaire Exécutif, Monsieur l’Abbé Anicet Shumbusho, a rappelé que cette commémoration avait pour visée la guérison des mémoires car, disait-il : " ce qui s’est passé peut être à l’origine du blocage du processus du pardon et réconciliation, ce qui peut engendrer des résultats néfastes pouvant même perturber la cohabitation pacifique entre les hommes."
Il a souligné que cette commémoration n’est que le
commencement d’un processus de pardon et de réconciliation et que l’on peut s’attendre
avec certitude à des déclarations publiques ouvertes entre les membres des familles
ayant perdu les leurs et les bourreaux dans le but de se pardonner et de se réconcilier
formellement, à condition de donner la place à Dieu, Lui qui est le vrai
médecin des âmes, d’où en Eglise, la commémoration débute toujours par une messe,
car ce qui est plus important n’est pas seulement le souvenir des siens, mais aussi
la prière pour eux.
Selon lui, cette démarche de pardon et de réconciliation donne place à Dieu et projette vers un avenir plus constructif, en ayant à l’esprit la place incontournable de Dieu dans la cohabitation pacifique entre les humains.
Contacté l’un des membres des familles des victimes,
Madame Angéline, elle nous a confié qu’elle a déjà pardonné ceux qui ont fait
du mal à sa famille et que ce qui lui reste c’est seulement de se mettre ensemble
pour se parler ouvertement de ce qui s’est passé. Elle a donné un exemple
concret que son fils a pris en mariage une épouse issue de la famille des
personnes qui a ôté la vie des leurs.
Signalons que cette démarche du pardon et de la réconciliation
dans l’archidiocèse de Bujumbura est du ressort des résultats des actes du
premier synode Diocésain de 2006 à 2019 qui avait considéré que les temps de commémoration
dans la prière sont des occasions précieuses pour créer des conditions
spirituelles et sociales de réconciliation. Dans le vicariat de Muramvya, la
paroisse Kiganda vient donc d’emboiter les 3 autres paroisses telles que kivoga,
Gasura et Muramvya.