La Paroisse Cathédrale Regina Mundi, sur
l’initiative de son Conseil Pastoral et en vue d’aiguiser la conscience des familles
pour se libérer du joug des fêtes, a organisé, le Dimanche 18 Juin 2023, une
conférence-débat en faveur des fidèles de cette paroisse, autour du thème : «La dot, le mariage et l’inflation
de la fête au Burundi». Cette conférence s’est tenue dans les enceintes de la
même paroisse.
Cette conférence-débat a été animée
par Monsieur Nicodème Bugwabari,
Professeur ordinaire à l’Université du Burundi, Historien et Spécialiste du
fait religieux, aussi membre de la Commission Paroissiale des intellectuels et
fonctionnaires. Au cours de cette conférence-débat, des observations ont été émises,
incitant les gens à recadrer les fêtes, grâce à la culture illuminée de
l’évangile, et ne retenir que celles
qu’ils estiment essentielles.
Cet enseignement a eu comme motivation
le fait qu’au Burundi, l’engouement excessif des fêtes provoque de plus en plus
la fatigue, voire même l’anxiété suite aux contributions financières et
matérielles devenues insupportables. Cela est renforcé par le fait qu’il
n’existe pas de dons gratuits. Les prétendus donateurs sont plutôt à la quête
acharnée d’une certaine considération sociale.
Pour le Professeur Nicodème Bugwabari,
la célébration des fêtes de dot et de mariage (dalleurs intimement liées car la
dot fait partie intégrante du mariage), devrait laisser observer le respect des
valeurs culturelles de la coutume burundaise dans leur coïncidence avec les
valeurs chrétiennes.
Se référant aux écrits de l’Abbé Jean
Baptiste Ntahokaja, le Professeur Nicodème Bugwabari a signalé que le mariage
symbolise une cohabitation volontaire des époux. Ce Professeur, ajoutant
l’exhortation de S.E Mgr Jean baptiste Bigangara selon lequel ces époux, par ce
mariage, sont disposés à faire la procréation, à assurer le plein
épanouissement de leurs enfants et à les éduquer, il a indiqué que cela suppose
un engagement individuel au niveau du consentement libre des conjoints, d’une part,
et la dimension sociale avec l’accord des parents, d’autre part.
Quant à la dot, le Professeur Nicodème Bugwabari estime que la valeur centrale de celle-ci se concrétise dans l’alliance
entre les conjoints et dans l’unité consécutive entre les familles du jeune
couple, les deux familles devenant désormais une seule famille qu’elles
perçoivent vraiment comme telle.
Reprenant aussi en substance les propos de l’anthropologue burundais Monsieur l’Abbe Adrien Ntabona, le Professeur Nicodème Bugwabari s’est en effet indigné, hélas, contre la tendance actuelle telle que ces fêtes ont tout perdu, que ce soit les valeurs culturelles ancestrales, que ce soit les valeurs chrétiennes, car elles engagent des dépenses inutiles et insupportables.
Inflation de la fête au Burundi et ses
répercussions sur la vie des familles
Le Professeur Nicodème Bugwabari a
mentionné, dans son enseignement, l’un des problèmes qui hantent l’organisation
des fêtes actuelles au Burundi l’inflation.
Il a fait remarquer que les fêtes sont de plus en plus couteuses et nombreuses
au Burundi, et qu’il est difficile aux familles de s’en défaire, car «les faits sociaux sont contraignants et
doivent être respectés sous peine de sanction sociale», a-t-il malheureusement
regretté.
Cet orateur a signalé entre autres
trois grandes motivations de telles fêtes: «Il
s’agit de la communalisation ou du renforcement du sentiment d’appartenance, de
la fête comme lieu privilégié de la réciprocité et de quête acharnée de
distinction sociale.» Il a fait observer que pire encore est le fait que
nombreuses sont des personnes qui sont incapables de contribuer à la multitude
de ces fêtes et qu’en revanche, elles se culpabilisent sans cesse.
Pour certaines fêtes incontournables,
donc contraignantes car liées intimement à la coutume burundaise comme la dot,
le mariage, la levée de voile, l’orateur les a soutenues. Par contre, pour
d’autres moins essentielles, comme celles qui sont lies à la naissance, aux célébrations
religieuses ou à la modernité, il n’a
pas trouvé la raison de les soutenir et il n’a pas trouvé la nécessité de les laisser
entraîner inutilement des dépenses des familles.
La pastorale des familles comme cadre de
conscientisation aux défis liés aux fêtes coûteuses
Le Professeur Nicodème Bugwabari a
fait savoir qu’il a appris que la pastorale des familles de la Paroisse Cathédrale
Regina Mundi a reçu des lamentations des fidèles qui ont déjà souffert des défis
liés aux coûts élevés des fêtes. Il a donné l’exemple du montant élevé de la
dot, et a souligné l’une conséquence de cela: le phénomène de concubinage.
Pour lui, des fiancés qui n’ont pas de
moyens financiers n’arrivant pas à organiser le mariage et faire la dot. Ils
peuvent même passer 8 ans d’amour vrai et tomber finalement dans le problème d’attachement
mutuel par le concubinage. On peut trouver par exemple des couples qui passent
20 ans sans avoir régularisé leur mariage. D’autres deviennent même des parents,
et comme ils n’ont pas régularisé leur mariage, leurs enfants peuvent atteindre
l’âge de 3 ans ou plus sans avoir été faits baptiser.
Des suggestions du Professeur Nicodème
Bugwabari? «Pour que Dieu garde sa première
place dans ces fêtes, la pastorale des familles
devrait nous aider à ranimer notre foi car, avec les dangers
liés à l’inflation de la fête, nous confondons l’essentiel et l’accessoire;
l’être passe loin derrière le paraître, les sacrements derrière les fêtes, la gratuité
s’efface devant l’avoir», a-t-il interpellé la Paroisse
Cathédrale Regina Mundi, demandant aux pasteurs de multiplier aussi
des prédications à ce
sujet, pour une prise de conscience aigüe
de ces défis lies à l’inflation de la fête.
Des échanges fructueux pour se libérer du joug
de ce lourd fardeau des fêtes
Les participants ont suggéré de ne pas faire comme les autres; que chacun célèbre plutôt ses fêtes à sa façon, selon les moyens à sa disposition, en prenant conscience du problème de l’inflation des fêtes au Burundi et ses répercussions sur sa vie et celles des membres de sa famille et de ses proches.
À l’Eglise ils ont demandé de
multiplier des occasions de faire des prédications et enseignements une culture
évangélisée et un évangile qui libère les Burundais, afin de régénérer les
valeurs culturelles et chrétiennes dans une société de consommation. À l’Etat,
aux institutions publiques et aux organisations partenaires, ils ont suggéré d’éveiller
une prise de conscience individuelle et collective de ces faits sociaux pour un
changement de comportement vis-à -vis des fêtes au Burundi.
Signalons qu'à la Cathédrale Regina Mundi, cette conférence-débat s’inscrit
dans une série d’autres conférences préparées par la
Commission paroissiale des intellectuels et fonctionnaires. Le curé paroissial, Monsieur l'Abbé Felix Fupi, promet de multiplier les débats, en ciblant aussi bien les
publics que les thèmes.
Grace Divine Gahimbare, Cathédrale
Regina Mundi