Ne détourner son
regard d’aucun pauvre signifie regarder dans toutes les directions où sont les
pauvres. L’Archidiocèse de Bujumbura a voulu célébrer la journée Mondiale des
pauvres avec les jeunes étudiants pauvres de l’Université Nationale. Une
conférence a été animée à la veille de cette journée, le samedi 19 Novembre 2023, dans la Paroisse péri-universitaire Esprit de Sagesse
de Bujumbura, devant l’autorité de l’Université, pour échanger sur les conditions
matérielles et sociales des étudiants de l’Université du Burundi et leur
apporter un soutien.
Les
pasteurs interpellés par la vie précaire des étudiants
Habitué
à célébrer cette journée dans les paroisses rurales, cette 7ème
année, l’Archidiocèse a voulu marcher ensemble dans la communion avec cette
frange de la population de l’Université nationale du Burundi. Abritant plus de
quinze mille jeunes venant de toutes les provinces du pays, ils vivent dans des
conditions qui interpellent l’attention et la sollicitude des pasteurs,
tel que l’a expliqué le curé de cette paroisse organisatrice de cet événement.
Ce prêtre qui constamment reçoit en audience des étudiants de cette Université, a indiqué que la mission de la paroisse péri-universitaire ne se limite pas uniquement à l’accompagnement spirituel, mais s’élargit sur toutes les dimensions de la vie (humaine, intellectuelle et spirituelle).
Compatissant
avec étudiants souffrants, le curé signale que la paroisse reçoit de multiples cas de multiples couleurs. «Nous avons connus des cas de graves
maladies allant jusqu’au décès, de maladies très brèves mais fatales; de
déception et d’abandon suite à ces conditions de vie; de traumatisme, de désespoir de jeunes filles-mères; des cas d’extrême pauvreté,… qui dessinent sur un fond
sombre l’image de la réalité de la famille burundaise», a annoncé le curé.
L’amplitude
du cri des étudiants dans la ville de Bujumbura
C’est plutôt Thaddée Negamiyimana, un étudiant membre de la Communauté Catholique Universitaire, qui, dans sa présentation autour de la vie socioéconomique d’un étudiant à Bujumbura, a relevé les principaux problèmes éprouvés par ces étudiants et des risques encourus liés à leur vie matérielle. Il a dit que la vie d’un étudiant à Bujumbura est influencée par différents facteurs tels que le coût de la vie, l’accès aux ressources matérielles, les difficultés de trouver un emploi à temps partiel et les conditions de logement.
En effet, les 330 jeunes participants à cette
conférence déplorent combien les logements sont très précaires et très chers. Ils
habitent pour la plupart des quartiers bruyants et moralement insalubres et
sont coincés dans des chambrettes jusqu’à six personnes. Leur alimentation est
déséquilibrée et insuffisante.
Le responsable de la Communauté catholique universitaire signale en outre que le prêt-bourse accordé par le gouvernement arrive au bout de leur espoir. «Le prêt-bourse n’est pas suffisant et ne vient pas régulièrement. Notre attente peut arriver même à quatre mois de retard. On en est même arrivé à six. Dans ce cas, que mange-t-on? Comment paye-t-on le loyer? Comment lave-t-on ses habits ? Comment on multiplie-t-on les notes de cours?» renchérit-il.
Il propose l’augmentation et le versement mensuel du prêt-bourse, l’acquisition de nouvelles infrastructures notamment les logements, la recherche des bourses d’études, le mentorat, le parrainage des projets des étudiants, l’organisation des formations professionnelles,…Cette souffrance des étudiants est connue et ressentie par l’autorité universitaire. D’abord ce sont les enseignants. Ir Bonaventure Bangurambona, chrétien catholique historique professeur de Physique déplore que le niveau de formation a progressivement chuté suite aux conditions sociales et matérielles précaires des étudiants. Si les jeunes ne s’absentent pas, ils sommeillent en classe. Conséquemment, plus le niveau de concentration diminue, plus le taux de rendement baisse.
Il
invite les jeunes étudiants à plus de solidarité car c’est dans plusieurs
domaines de la vie du pays. Quant au Directeur
des services sociaux, il estime que
plusieurs efforts sont par l’Université pour assurer le bien-être des
étudiants. Il a énuméré une série de projets visant à trouver des logements,
l’ouverture des restaurants à travers un partenariat public-privé, la mise en
place d’une infirmerie, la recherche des jobs-étudiants, le soutien des talents
sportifs et cultures,… L’appel a été lancé pour que ces jeunes, dont la plupart
sont des chrétiens, s’entraident mutuellement et apprennent à vivre ces dures
conditions.
La
paroisse péri-universitaire ouverte aux étudiants les plus démunis
L’Archidiocèse
de Bujumbura à travers la paroisse Esprit de Sagesse se sent davantage
interpellé par cette situation. Il se retrouve dans l’urgence de manifester la
charité et le partage avec ces jeunes en particulier les plus démunis. Cette
année, les différentes paroisses de la Ville de Bujumbura se sont levées pour
donner une aide en habits décents et en matériel scolaire à un certain nombre
d’entre eux. On compte jusqu’à 300 étudiants, chrétiens catholiques ou non,
pour une intervention qui se veut
discrète et personnalisée.
Signalons qu’outre cette partie des fidèles, la paroisse comprend aussi des chrétiens habitant les quartiers alentour, dont certains sont lamentablement pauvres. De ces derniers, ainsi que d’autres des 10 paroisses du sud de la ville de Bujumbura, une centaine au total, les plus nécessiteux, a été invité à la célébration de la journée mondiale.
L’Eucharistie
de ce dimanche, a été présidée par l’Archevêque de Bujumbura, S.E Mgr Gervais
Banshimiyubusa. Un repas de fraternité leur a aussi été offert par la Caritas
diocésaine, ainsi qu’un kit de vivres venant de leurs paroisses.