Dans le cadre d’une initiative personnelle de
partage du savoir et de l’expérience sur «les défis de la prévention et de la
résolution régionale des conflits face à la réalité des pays africains: cas de
l’Est de la République Démocratique du Congo», une conférence publique a été
animée dans la soirée du 29 Novembre 2023, à «Pearl Residence Hotel», animée
par Ambassadeur Pierre Claver Ndayicariye, analyste de la Géopolitique de la
région des Grands Lacs.
La RDC, pays stratégique de l'Afrique: neuf pays
partagent la frontières avec elle
Le sujet d'Ambassadeur Pierre Claver Ndayicariye
se voulait de démontrer que si la République Démocratique du Congo (RDC)
continue d'être déstabilisée, toute la région des Grands Lacs et de l'Afrique
de l'Est en pâtirait, dans la mesure où ce grand pays d'Afrique central et de
l'Afrique de l'Est, située au cœur de l'Afrique, englobe l'essentiel de la région (le deuxième
plus vaste pays d'Afrique après l'Algérie et le troisième le plus peuplé de ce
continent, limitrophe de neuf pays qui partagent leurs frontières avec lui).
L'analyste a indiqué qu’en préparant cette
conférence, il est parti d’un constat: côtoyer des conflits chaque jour, «des
conflits qui nous confrontent tantôt aux
forces de destruction, tantôt aux forces de création, des conflits qui existent
au niveau des nations et des civilisations», et que le public burundais a soif
d’un débat sur des sujets de Géopolitique régionale et mondiale.
«Pays magnétique, pays convoité», ses défis lui
coûtent cher
Ambassadeur Pierre Claver Ndayicariye a affirmé
que ce pays, qu’il a qualifié de «pays magnétique», est «convoité» pour son
minerai, attirant «des amis» s’attirant aussi «des ennemis» en ces derniers 20
ans. Il n’a pas manqué de dire qu’il y a certains «agresseurs» qui tirent
profit des conflits qui sévissent dans ce pays. «Derrière les guerres et les
conflits se cachent souvent des intérêts puissants et des positionnements
géopolitiques lourds», a-t-il prié de noter.
Il a donné quelques repères historiques et
géographiques du conflit à l’Est de la RDC, dont le problème de nationalité des
réfugiés et d’immigrés en RDC constitue un enjeu de guerre qui greffe une
bataille identitaire, transférant le conflit dans le Kivu où «certains immigrés
ou réfugiés ont gardé leur allégeance dans leurs pays d’origine». Il a cité la
présence de mouvements politico-militaires armés aux projets variés et
multiples et des relations tendus de manière intermittente entre Congo-Kinshasa
et certains de ses voisins.
Mettant en exergue le défi de l’implication de la
Communauté Est Africaine dans la résolution de la crise à l’Est de la RDC,
depuis l’année 2022, Ambassadeur Pierre Claver Ndayicariye doute aussi des
chances de réussite de l’EAC en RDC. Il argue: «les chances existent bel et
bien, et elles sont nombreuses, mais elles sont soumises aux aléas de la
Géopolitique mondiale et aux pressions des puissances de l’argent.»
Ambassadeur Pierre Claver Ndayicariye a conclu son
analyse laissant néanmoins une soif à ses invités qui trouvent que le sujet
devrait être approfondi davantage, vu ce qu'il a laissé en suspens: car en terminant sa présentation, il a dit qu'il y'a ce qu'il n'a pas pu dire, ce qu'il n'a pas osé dire et ce qu'il
dirai à une autre occasion.
C'est d'ailleurs ces derniers termes qui ont
suscité un long débat qui a conduit la séance à durer plus de temps que prévu
(plus d'une heure). La plupart des intervenants voulaient que les gens
commencent à oser parler publiquement du sujet de paix dans la région et
l'evitement de quelconques perturbations sécuritaires en décortiquant des
causes profondes des conflits. Car un sujet débattu devient public, la
Géopolitique du silence risque d'étouffer des initiatives politiques et
diplomatiques des Etats de la sous-région.
L'analyse d'Ambassadeur Pierre Claver Ndayicariye intervient au moment où il s’observe la persistance des activités de guerre de divers mouvements (APCLS, ADF, NDC, CODECO, FDLR, M23...) qui alimentent l’insécurité dans l’Est, mais ravivent également la méfiance et les tensions entre les pays de la région, en particulier entre la RDC et le Rwanda. Cet activisme met en péril les acquis de l’accord-cadre d’Addis Abeba de ces dernières années.
Alors que la RDC a demandé et obtenu du sommet
d’Arusha que le mandat des forces de la CEA ne soit pas prolongé au-delà du 08
Décembre 2023, des affrontements entre l’armée régulière et le M23
s’intensifient toujours. L’opinion régionale et internationale se demande
d’autres scenarios possibles après cette décision des chefs d’Etats de la
Communauté Est Africaine.
Michel Nibitanga, CEDICOM