Dans le cadre du projet
dénommé «Uguruka Ukire» de la
Commission Diocésaine Justice et Paix de Bujumbura (CDJP-Bujumbura) à travers
sa coopération avec Agiamondo, un atelier de formation s’est tenu à Mont Sion
Gikungu, du 8 au 9 Avril 2025, à l’intention des animateurs et des Assistants
psychosociaux des paroisses de Rutongo, Mutumba, Kabezi, Karinzi et Magara. Cet
atelier a été ouvert par l’Abbé Anicet Shumbusho, Secrétaire Exécutif de la
CDJP Bujumbura.
Avec ce projet «Uguruka
Ukire», CDJP-Bujumbura, à travers sa coopération avec Agiamondo, est en train
de mettre en place des Animateurs communautaires, des Assistants psychosociaux
dans toutes les paroisses de l’Archidiocèse de Bujumbura et des Psychologues
volontaires par Vicariat épiscopal.
Ces personnes ont été identifiées en collaboration avec les Curés et les membres des Commissions Paroissiales Justice et Paix (CPJP) et sont formées pour s’impliquer activement dans le traitement du passé à travers la recherche de la vérité et la guérison des traumatismes. C’est dans cette perspective qu’il s’est tenu cet Atelier de formation.
Le Secrétaire Exécutif de la
CDJP Bujumbura, dans son mot d’ouverture, il est revenu sur l’objectif de
l’Atelier, le rôle des Animateurs communautaires et des Assistants
psychosociaux, ainsi que celui des Psychologues volontaires dans le processus
de la réconciliation.
Les Animateurs
communautaires auront la mission de former et animer les groupes de parole,
faire des sensibilisations sur la participation aux séances d’échange sur le
passé et l’identification des personnes nécessitant un accompagnement
psychologique.
Les Assistants
psychosociaux, quant à eux, auront la mission de sensibiliser sur les causes,
les symptômes et les conséquences du trauma. En outre, ils vont faire
l’accompagnement psychosocial des personnes traumatisées. Quant aux Psychologues volontaires, ils
interviendront au niveau de chaque Vicariat en appuyant les Animateurs et les
Assistants psychosociaux et vont assurer la supervision de toutes les activités
à travers le coaching.
Selon le Secrétaire
Exécutif, ces personnes sont en première ligne et doivent guérir de leurs
blessures avant d’aider les autres. Il leur a demandé de collaborer avec les
Curés des paroisses et les autres membres des Commissions Paroissiales Justice
et Paix.
Cet Atelier qui a duré deux
jours a été facilité par Monsieur Manirakiza Ferdinand, Assistant du Coopérant,
avec la cofacilitation de l’Abbé Sylvestre Barampama, Secrétaire Exécutif
Adjoint de la CDJP Bujumbura. En expliquant les orientations du projet, l’Abbé
Sylvestre Barampama a fait savoir que ledit projet va renforcer les capacités
de la CDJP comme structure de coordination et des Commissions Paroissiales
Justice et Paix comme structures d’exécution sur la réconciliation, le
traitement du passé, la recherche de la vérité, la guérison des blessures et
l’éducation à la paix.
Le projet veut encourager
les jeunes à entreprendre des initiatives d’édification de la paix. Il a ajouté
que grâce aux interventions de ce projet, la CDJP Bujumbura pourra organiser
des événements de promotion de la paix et la réconciliation et promouvoir des
occasions d’échange d’expérience au Burundi et dans la Sous-Région. Bien plus,
ce projet de coopération renforcera les capacités de la CDJP dans la recherche
de nouveaux partenaires techniques et financiers afin de garantir la
pérennisation des interventions.
Au cours de cet Atelier, les
participants ont eu l’occasion de mener une réflexion sur l’analyse du contexte
actuel de leurs communautés en mettant en évidence les facteurs qui contribuent
au traumatisme, notamment la pauvreté, la consommation des stupéfiants et des
drogues, l’ivresse, la croyance à la sorcellerie, les conflits fonciers, la
pénurie du carburant et la flambée des prix des produits de première
nécessité.
Malgré la présence de ces facteurs, les participants ont relevé des éléments qui peuvent donner l’espoir dans leur communauté comme la foi en Dieu, la présence des personnes modèles dans la communauté, sages et honnêtes qui, par leur comportement peuvent montrer aux autres un bel exemple à suivre.
Des exposés variés ont été servis
aux participants avec des espaces d’échanges réservés et ouverts à tous pour
enrichir la matière et permettre à tous de mieux comprendre la mission qui les
attend.
Les participants affirment
que cet Atelier leur a été bénéfique.
Monsieur Pie Maribicuro, Animateur communautaire de la paroisse Mutumba
affirme avoir compris qu’il faut d’abord guérir les blessures du passé non
traitées pour pouvoir envisager le pardon et la réconciliation.
La mission confiée aux
Animateurs est exigeante au regard de la présence dans les communautés des
personnes traumatisées par les crises du passé. Pour ces dernières, il faudra
encore du temps pour les amener à comprendre l’importance de la réconciliation
pour une paix durable. Cependant, Monsieur Pie Maribicuro a fait savoir qu’il
espère que l’implication de l’administration et des Curés des paroisses rendra
facile leur mission.
Pour que cela soit possible,
il demande au Gouvernement du Burundi de mettre en place une Commission
indépendante pour la réécriture de l’histoire car, selon lui, les burundais
n’ont pas une même histoire, ce qui accentue les divergences dans
l’interprétation des faits passés et actuels. Il demande aux Curés de
s’impliquer plus particulièrement dans l’accompagnement des personnes
présentant des blessures non traitées.
Les participants affirment
être prêts à accomplir leur mission. Madame Floride Nikundana, l’une des
Assistants psychosociaux de la paroisse Magara, affirme avoir acquis des
connaissances nécessaires pour débuter les sensibilisations; les connaissances
sur l’identification et l’accompagnement psychologique des personnes
traumatisées vont l’y aider.
Selon elle, il y a des défis
qui risquent de freiner leurs interventions dans les communautés, à savoir la
présence des personnes qui ne veulent pas partager aux autres leur passé, la
manipulation faite par certains hommes politiques surtout en période électorale
et la persistance de la haine inter-ethnique chez certaines personnes mal
intentionnées.
Signalons pour terminer que
dans le cadre du projet «Uguruka ukire» chaque paroisse a choisi quatre Animateurs
communautaires et deux Assistants psychosociaux.