
Dans
le cadre du projet «Appui à la réconciliation des communautés burundaises Ã
travers le traitement ouvert du passé», la Commission Diocésaine Justice et
Paix (CDJP) de Bujumbura, en partenariat avec la Paroisse Munanira, a organisé,
le 5 septembre 2025, une journée de commémoration des victimes du passé
douloureux dans cette paroisse, une célébration placée sous le signe du souvenir, de la prière et de
l’engagement au pardon.
Honorer la mémoire et bâtir la paix
Cette
rencontre avait un double objectif: honorer la mémoire des victimes des
différentes crises ayant marqué le pays et ouvrir un chemin de réconciliation
durable grâce au témoignage et au partage.
L’événement
a rassemblé de nombreuses personnalités civiles et religieuses, parmi
lesquelles Mgr Anatole Ruberinyange, Vicaire Général de l’Archidiocèse de
Bujumbura et Madame Diane Irakoze, Administrateur communal de Kiganda.

Des moments forts de recueillement et
de fraternité
La
journée a été ponctuée de temps de prière, de témoignages poignants et de mises
en scène artistiques sur le pardon et la réconciliation.
Le
sommet de la célébration fut l’Eucharistie, présidée par Mgr Anatole Ruberinyange,
Vicaire Générale de l’Archidiocèse de Bujumbura, entouré de plusieurs prêtres
dont l’Abbé Innocent Bandyatuyaga, curé de la Paroisse Munanira, l’Abbé Anicet Shumbusho,
Secrétaire Exécutif de la CDJP-Bujumbura, l’Abbé Sylvestre Barampama, son
adjoint, ainsi que d’autres prêtres provenant des paroisses Munanira et Bukeye.
Mgr
Anatole Ruberinyange, dans son homélie, a souligné l’importance du travail de
mémoire dans la mission de l’Église. Il a rappelé que la croix, signe du salut,
demeure un symbole de guérison, d’unité et de réconciliation: «Jésus a tant
souffert pour nous. Sur la croix, il a révélé le véritable amour. Son Royaume
est fondé sur la paix et la justice», a-t-il affirmé.
S’appuyant
sur l’histoire biblique du peuple d’Israël dans le désert, il a évoqué les
épreuves, les doutes, mais aussi la force du pardon reçu dans la prière.
Il
a insisté sur la nécessité de suivre le Christ dans un esprit de renoncement et
de réconciliation, rappelant les paroles de l’Évangile: «Si quelqu’un veut
venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et
qu’il me suive.» Selon lui, la croix brise les murs de la haine et ouvre un
chemin vers une paix durable.

La paroisse Munanira, actrice de
réconciliation
De
son côté, l’Abbé Innocent Bandyatuyaga a mis en lumière les initiatives menées
au sein des Petites Communautés Chrétiennes Vivantes (PCCV), où des dialogues
intercommunautaires ont été instaurés depuis un an.
Il
a salué le courage des «piliers de la paix» qui, au cœur des violences, ont su
protéger des vies au péril de la leur. Il a rappelé que la réconciliation est
une exigence partagée, car toutes les communautés ont souffert, heureusement
que des activités de détraumatisation ont été mises en œuvre afin d’accompagner
la guérison des blessures intérieures.
Le
Curé a enfin annoncé que des messes commémoratives seraient célébrées dans les
différentes communautés ecclésiales de base en mémoire des victimes.

L’engagement des autorités civiles
Prenant
la parole, Mme Diane Irakoze, Administrateur communal, a salué l’initiative de
la CDJP et de la paroisse. Elle a insisté sur la nature progressive du
processus de réconciliation, qui demande patience, ressources et persévérance.
Elle
a également souligné la complémentarité entre l’administration et l’Église: «L’administration
veille au respect des droits, tandis que la paroisse nourrit l’esprit et l’âme»,
a-t-elle déclaré.
Elle
a invité les habitants de Munanira à rejeter les discours de haine et à bâtir
un avenir fondé sur la cohésion sociale et le respect mutuel.
Une mémoire qui éclaire l’avenir
Cette
journée de mémoire a été l’occasion pour la communauté de Munanira d’affirmer
sa volonté de marcher ensemble sur le chemin du pardon.
Dans
les chants, les prières et les témoignages, un message s’est imposé avec force:
la paix ne se construit pas en effaçant le passé, mais en le regardant avec
lucidité et espérance. Le Curé de la Paroisse a rappelé que la mémoire ne doit
pas être un fardeau qui divise, mais une lumière qui guide vers un avenir
commun.
Et
de conclure, en écho aux paroles de l’administratrice communale: «Nous avons
tous un même Père, Dieu, et nous appartenons à une même communauté humaine.»
Rénovat
Niyonsenga, CDJP-Bujumbura