La solidarité est un critère d'évaluation des relations interpersonnelles et du développement harmonieux et équilibré de toutes les communes du pays. Qu'en est donc de la solidarité ? Peut-on associer réellement solidarité et développement ?
D'après la constitution du 07/6/2018 de la République du Burundi, la solidarité est un critère d'évaluation des relations interpersonnelles et du développement harmonieux et équilibré de toutes les communes du pays. Qu'en est donc de la solidarité ? Peut-on associer réellement solidarité et développement ? « Oui, la solidarité et ledéveloppement sont deux clés pour la paix » (Jean Paul II, Développementet solidarité : deux clés pour la paix, 1er janvier 1987). Le présent article explore la contribution des Associations Sans But Lucratif dans le développement grâce à la solidarité.
Compréhension des concepts de solidarité et de développement
Le discours social de l'Eglise présente la solidarité à la fois comme principe social et vertu morale (Compendium de la Doctrine Sociale de l'Eglise, n°193). En effet, l'homme est un être de relations, un animal social, un « animal politique ». Pour ce, les rapports entre les personnes et les peuples doivent être imprégnés de solidarité en partant par ailleurs de l'élaboration ou de la modification de lois, de règles du marché ou de la création d'institutions. En tant que vertu morale, la solidarité nous meut, nous détermine de façon ferme et persévérante à « travailler pour le bien commun ; c'est-à -dire pour le bien de tous et de chacun parce que tous nous sommes vraiment responsables de tous » (Jean Paul II, SRS, n°38 ; CDSE, n°193). Le développement quant à lui n'est que la réponse à l'aspiration des hommes d'aujourd'hui qui est : « Etre affranchis de la misère, trouver plus sûrement leur subsistance, la santé, un emploi stable ; participer davantage aux responsabilités, hors de toute oppression, à l'abri de situations qui offensent leur dignité d'hommes ; être plus instruits ; en un mot, faire, connaître, et avoir plus, pour être plus » (Populorum Progressio, n°6). Développement, c'est autantprogrès social que croissance économique (PP, n°34). Pour le Pape Paul VI, le développement est le nouveau nom de la paix (PP, n° 87), car le chemin de la paix passe par le développement (PP, n°83). Il va sans dire que le développement est une réalité complexe d'avoir et surtout d'être.
ASBL et développement communautaire
Les ASBL sont l'expression organique de solidarité et des libertés publiques notamment d'association et d'expression. Pour ce, elles s'impliquent beaucoup dans le développement du milieu où elles sont implantées en conjuguant les efforts des uns et des autres. Le triptyque unité, travail, progrès est révélateur. Le champ d'action des ASBL est varié : cohabitation pacifique et sauvegarde de la paix, promotion des droits de la personne humaine, promotion de la démocratie et bonne gouvernance, construction des infrastructures socio-économico-culturelles, sauvegarde de l'environnement, promotion des valeurs artistiques, humanistes et philanthropiques, etc.
Solidarité pour le développement
Les ASBL sont parfois aidées dans leur fonctionnement comme dans la contribution au développement par des organisations non gouvernementales étrangères. Ces dernières sont impliquées dans le développement international à l'aide des programmes vers l'étranger, ou d'actions locales liées aux problèmes du développement. Le Pape Paul VI exhortait, en son temps, les catholiques des pays plus favorisés à apporter leur compétence et leur active participation aux organisations officielles ou privées, civiles ou religieuses, appliquées à vaincre les difficultés des nations en voie de développement. « Ils auront, bien sûr à coeur d'être au premier rang de ceux qui travaillent à établir dans les faits une morale internationale de justice et d'équité » (PP, n°81). Pour le Pape François« la solidarité est ... beaucoup plus que quelques actes sporadiques de générosité. C'est penser et agir en termes de communauté, de priorité de la vie de tous sur l'appropriation de biens par chacun. C'est aussi lutter contre les causes structurelles de la pauvreté, l'inégalité, le manque de travail, la terre et la maison, la négation des droits sociaux et de droits du travail. C'est faire front aux effets destructeurs de l'impérialisme de l'argent : les déplacements forcés, les migrations douloureuses, la traite des personnes, la drogue, la guerre, la violence et toutes ces réalités que beaucoup d'entrevous subissent et que nous sommes tous appelés à transformer. Le sens courant, le sens de tous les jours du terme « charité », évoque souvent l'idée de donner nos ressources à ceux qui n'en ont pas » (Pape François, Rencontre mondiale des mouvements populaires,2014).
Limites dans la gestion des ASBL et dans l'intervention des ONGs
Pour être efficaces et pourvoir au développement du milieu, les ASBL doivent être responsables. Il en est aussi des ONGs. Cependant la réalité peut montrer des insuffisances des unes et desautres. Comment par exemple promouvoir la démocratie et la bonne gouvernancedans les communautés lorsqu'elles se caractérisent par des chicaneries interneset sont accusées de l'abus des biens sociaux ? Ces derniers temps, plusd'un a remarqué la multiplication des conflits de leadership et de l'illégalitéde leurs organes. Du chef des ONGs, elles sont accusées d'ingérence dans les affaires internes des pays, étant considérées comme des chevaux de Troie. Elles imposent leur agenda aux ASBL qu'elles financent tout en prenant le gros de leurs budgets au détriment des véritables bénéficiaires qui ne reçoivent que moins de 5% des budgets alloués.
Que conclure ?
« La solidarité met en évidence le fait qu'il existe des liens étroits entre solidarité et bien commun, solidarité et destination universelle des biens, solidarité et égalité entre les hommes et les peuples, solidarité et paix dans le monde ». L'article a montré comment les ASBL, se fondant sur les liens de solidarité, participent au développement intégral de la communauté. Qui dit développement intégral de l'homme dit aussi développement solidaire de l'humanité (PP, n°5). C'est d'ici qu'interviennent les organismes d'entraide des pays favorisés en faveur des associations des pays en voie de développement. Cependant, il y a, en effet, à s'inquiéter du fonctionnement des ASBL et à se réjouir de leurs acquis. Bien sûr, les ASBL sont un bien commun et elles sont là pour le bien commun. Personne ne peut s'en approprier. Elles sont créées pour le développement de toute la Communauté. Les résultats par rapport à leurs objectifs sont tangibles dans leur ensemble. Mais elles ont besoin d'être plus actives qu'elles ne le sont aujourd'hui, plus démocratiques, plus indépendantes des influences des uns et des autres. Elles doivent aussi se protéger contre les abus et leur instrumentalisation.
Par NTSIMBIYABANDI Léonce