Jésus a dû s'opposer précisément aux pharisiens parce qu'ils étaient hypocrites et inflexibles dans leur application de la Loi, aussi cupides et orgueilleux
Durant ces dernières semaines, nous méditons sur les Evangiles dans lesquelles Jésus prévient sa mort: «Le Fils de l'homme sera livré aux mains des hommes; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera» (Marc 9,31). Mais, qui seront les auteurs de ce mal? Dans le Nouveau Testament, il est fréquemment fait mention, entre autres des pharisiens. Vous êtes-vous posés la question de savoir pourquoi ces remontrances envers les pharisiens? Auriez-vous voulu savoir qui étaient ces pharisiens qui mettaient tant Jésus en colère et pourquoi le Seigneur entrait-il souvent en opposition avec eux?
Le Centre Diocésain de Communication de Bujumbura (CEDICOM) vous a produit un article sur le caractère des parisiens et leur rapport avec l'Evangile de Jésus. Leur connaissance nous aidera à mieux cerner notre façon d'incarner notre foi en la parole de Dieu et le pari à défier, à voir si notre coeur est toujours en accord avec nos paroles.
QUI ETAIENT LES PHARISIENS SELON «LES PHARISIENS»?
Les sources directes sur l'histoire des pharisiens sont peu nombreuses. L'Ancien Testament (surtout Esdras et Néhémie) et les deux derniers livres des Macchabées nous renseignent seulement sur l'origine lointaine de la secte. Les pharisiens, au coeur du système des synagogues, se prenaient pour des gens en charge du monde religieux juif. Le nom «pharisien» tire ses origines du mot grec «pharisaioi», provenant lui-même de la racine du verbe hébreu pr? («parash»), qui signifie «distinguer», «séparer» mais aussi «éclaircir», «expliquer».
Cela peut donc donner lieu à deux interprétations:
- Étant donné l'importance qu'ils attachaient à la Loi, il se pourrait que leur nom marque le fait que ce groupe se soit «séparé», pour des raisons de pureté rituelle, du reste du peuple, moins soucieux des prescriptions de la Loi.
- Mais, il peut aussi être compris comme «ceux qui séparent la loi» -en d'autres termes, la décortiquent- pour chercher à mieux l'interpréter et l'expliquer.
Quoi qu'il en soit, l'attachement à la Loi était donc prépondérant dans cette secte juive. Ainsi, les pharisiens cherchaient à suivre la Loi de façon très scrupuleuse. Selon eux, la personne croyante se devait d'observer à la fois la Loi écrite ou Torah, et les traditions orales auxquelles ils accordaient une grande importance. C'est pour cela qu'ils avaient compilé, en tout, 613 préceptes à respecter, comprenant pas moins de 365 interdictions. Ils insistaient principalement sur l'observation du sabbat et les différentes purifications rituelles. En érigeant tous ces préceptes, ils souhaitaient faire en sorte que nul ne puisse enfreindre un principe majeur de la Loi, notamment l'un des Dix commandements.
Les pharisiens apparaissent donc comme des personnages fort peu recommandables. Connaissant les lois mieux que quiconque, ils jouissaient donc d'une grande influence sur la population.
QUI ETAIENT LES PHARISIENS SELON JESUS CHRIST?
Plusieurs ressemblances existent sur le plan de la foi entre Jésus et les pharisiens. Par exemple, ces derniers croyaient à la résurrection, à la vie éternelle et au retour du Messie, alors que d'autres Juifs, comme les sadducéens, n'y croyaient pas. Toutefois, au début de la rédaction du Nouveau Testament, les antagonismes entre judaïsme et christianisme commençaient déjà à se marquer, ce qui a pu influencer négativement la façon dont les pharisiens furent dépeints. On pouvait alors observer des caractères généraux contraires à l'éthique des préceptes enseignés; les évangiles sont une excellente source lorsqu'il s'agit de connaître les points faibles dont souffre réellement tout le système pharisien.
En effet, Jésus a dû s'opposer précisément aux vices fondamentaux qui empêchaient les pharisiens d'être l'élite qu'ils s'efforçaient d'être. Pourquoi? Parce que, dit-on, ils étaient hypocrites (demandant aux autres de suivre des observances minutieuses qu'eux-mêmes contournent) et inflexibles dans leur application de la Loi. On peut souligner aussi leur cupidité et leur orgueil. Comment?
Pour le comprendre, il faut lire les critiques faites par Jésus, allant jusqu'à leur adresser de vifs reproches, comme en fait état l'enchaînement de semonces rapporté dans le chapitre 23 de l'Évangile de Matthieu.
- Alors que lui-même était venu dire que tous, sans exception, avaient accès au Royaume des cieux, Jésus reprochait aux pharisiens de le «verrouiller», de le rendre inaccessible: «Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez à clé le royaume des Cieux devant les hommes; vous-mêmes, en effet, n'y entrez pas, et vous ne laissez pas entrer ceux qui veulent entrer!» (Mt 23,13)
- Les pharisiens n'étaient pas toujours aussi scrupuleux qu'il y paraissait, enfreignant eux-mêmes les préceptes qu'ils dictaient si durement, ce qui leur valut de se faire traiter par Jésus «d'hypocrites», de «sépulcres blanchis à la chaux qui à l'extérieur ont une belle apparence, mais dont l'intérieur est rempli d'ossements et de toutes sortes de choses impures» (Mt 23,27).
- Alors qu'ils empêchaient le peuple de fréquenter ceux qui avaient commis une faute, Jésus leur reprochait de ne pas voir à quel point leurs excès de zèle, leurs abus de pouvoir, leur observance stricte ne laissaient aucune place à la miséricorde et faisaient d'eux-mêmes des pécheurs.
«Malheureux êtes-vous, guides aveugles, vous qui dites: "Si l'on fait un serment par le Sanctuaire, il est nul; mais si l'on fait un serment par l'or du Sanctuaire, on doit s'en acquitter"» (Mt 23,16)
«Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous parcourez la mer et la terre pour faire un seul converti, et quand c'est arrivé, vous faites de lui un homme voué à la géhenne, deux fois pire que vous!» (Mt 23,15)
- Et ainsi de suite, pendant de nombreux versets.
ET LES PHARISIENS DES TEMPS MODERNES...?
Pour ne pas continuer à parler seulement des Pharisiens comme s'ils n'étaient qu'un exemple historique de ce qu'il ne faut pas faire, il y a lieu de méditer aussi sur «l'autre pharisien en nous», c'est-à -dire faire un auto-examen pour observer en quoi nous risquons de nous comporter comme des Pharisiens.
En fait, il se peut que nous agissons comme les pharisiens à un moment ou à un autre. Voici cinq caractéristiques d'un Pharisien des temps modernes:
1. Le levain du désordre: Jésus nous dit «gardez-vous du levain des Pharisiens» (Mc.8,15). Nos intentions sont souvent bonnes, mais nos actions suscitent le trouble et une mauvaise «fermentation». Quand nous agissons comme les Pharisiens, nous semons la zizanie chez les fidèles. Ainsi, si le fruit de nos actions est la peur, la colère et l'inquiétude, au lieu de la paix, l'amour et la joie, nous empêchons le Seigneur d'être à l'oeuvre.
2. Experts en surveillance: Les efforts incessants que déploient les Pharisiens pour trouver de possibles erreurs dans le comportement de Jésus ou de ses partisans sont absurdes. L'exemple est celui de Jésus qui traverse un champ avec ses disciples un jour de sabbat; quand les disciples avaient faim et qu'ils cueillirent du blé, les Pharisiens (cachés dans les champs!) surgissent et accusent Jésus (Mc 2, 23?24). Nous devenons des Pharisiens lorsque nous regardons le monde extérieur en cherchant seulement ce qui ne va pas et se réjouissant du malheur des autres, au lieu de leur prêcher la voie du salut.
3. Se vanter de toutes ses bonnes actions: «Mon Dieu, je te remercie parce que je ne suis pas comme?» (Lc 18,11). La vraie sainteté se concentre sur ce que l'on peut améliorer en chacun d'entre nous, au lieu de se vanter.
4. Une relation malsaine à l'autorité: Lorsque nous avons une relation ambigüe à l'autorité, il nous est difficile de reconnaître celle de Dieu, encore plus de ses médiateurs sur terre. Une rébellion et une remise en question saines peuvent être positives, mais nous pervertissons cette vérité quand nous désobéissons en pensant mieux savoir que Dieu ou quand critiquer les autres devient une obsession.
5. Une rigueur impitoyable: c'est la tendance à ne pas pardonner les autres, oubliant ce que nous ressentons lorsque nous avons besoin de pitié; nous nous tournons vers Dieu et Il nous prend dans Ses bras. Le coeur d'un non-pharisien ressent par contre cet amour absolu et inconditionnel, et hésite moins à donner ce même amour aux autres.
Dans tout groupe et dans tous les rangs, Jésus compte sur des hommes vertueux. Dans l'Évangile de Jean, l'un d'entre eux est rendu célèbre: il s'agit du personnage de Nicodème, un pharisien qui, après avoir décidé de suivre les enseignements de Jésus, prendra sa défense devant d'autres pharisiens (Jn.7,45-51) et aidera Joseph d'Arimathie à descendre le corps de Jésus de la croix. Car lui, parmi les chefs du peuple et les pharisiens, avait cru (Jn 7, 48).
Nous autant, disons «Oui» à l'attachement à la Loi, aux commandements, mais et surtout, agissons en hommes vertueux. Ainsi, nous pourrons combattre le «pharisien moderne qui veut cacher sa ruse en nous» et donc ouvrir à clé les portes du royaume des Cieux. Voyons donc l'appel immense de notre vocation, à recevoir et à transmettre l'Amour, en vérité et en toute humilité! Nous vivons l'aventure héroïque de Dieu, gagnons-la!
(Source: L'Aleteia, un quotidien catholique d'information et de formation)