Les quatre évangiles mettent au commencement de l'activité de Jésus la figure de Jean-Baptiste et le présentent comme son précurseur
Son nom était Jean - le précurseur, l'une des deux figures qui, de manière particulière, préparent la venue du Messie, l'autre la Vierge Marie et que la liturgie de l'Eglise met en avant dans le temps de l'Avent. Dans cet article, les informateurs du Centre Diocésain de Communication de Bujumbura trouvent intéressant de revenir sur la figure emblématique du temps messianique qu'est Jean-Baptiste, en briefant sur sa personne de précurseur de Jésus.
Jean-Baptiste est le précurseur de Jésus-Christ. Les quatre évangiles mettent au commencement de l'activité de Jésus la figure de Jean-Baptiste et le présentent comme son précurseur. Jean, comme fils de Zacharie et d'Elisabeth, tous deux de familles sacerdotales, est non seulement le dernier des prophètes, mais il représente aussi le sacerdoce de l'Ancienne Alliance tout entier et, en cela, il prépare les hommes au culte spirituel de la Nouvelle Alliance, inauguré par Jésus. Saint Luc a anticipé le lien entre les deux figures et leurs missions respectives, en les situant dans les deux récits de l'enfance. Déjà dans leur conception et dans leur naissance, Jésus et Jean sont mis en relation entre eux (L'enfance de Jésus, p.29).
Comme Samuel le prophète, comme Isaac le patriarche, Jean le Baptiste naît d'une mère jusque-là stérile. Elisabeth, sa mère, a été stérile dans la période où elle aurait dû pouvoir enfanter; et maintenant, elle est vieille, elle ne pourra plus avoir d'enfants, et son surnom c'est «la femme stérile», vieille et humiliée. Jean-Baptiste naît d'une femme stérile à un moment où on ne l'attendait plus, il est le dernier prophète de l'Ancien Testament. Le vieil arbre qui semblait mourant va encore donner du fruit, Dieu n'a pas abandonné son peuple.
Jean-Baptiste est la voix qui crie «Préparez le chemin du Seigneur»
Luc situe historiquement la vie du Baptiste: «L'an quinze du principat de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de Judée [...] sous le pontificat d'Anne et Caïphe» (Lc 3,1-2). C'est à l'intérieur de ce cadre historique que se situe le véritable grand événement, la naissance du Christ, que ses contemporains ne remarquent même pas. Jean-Baptiste aussi se définit: il est «la Voix de celui qui crie dans le désert: "Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers"» (Lc 3,4). La voix proclame la Parole mais, dans ce cas-ci, la Parole de Dieu précède, dans la mesure où c'est elle qui descend sur Jean, fils de Zacharie, au désert (Lc 3,2). Saint Augustin aussi fait ce commentaire «Jean est la voix, mais le Seigneur, au commencement, était le Verbe. Jean est une voix dans le temps; le Christ était au commencement la Parole éternelle. Enlève la Parole, que devient la voix? Vidée de tout sens, elle n'est que vain bruit. Sans la Parole, la voix frappe l'oreille, elle n'édifie pas le coeur» (Discours 293,3).
La prédication de Jean Baptiste est dure: sa bouche est une épée tranchante, une flèche acérée: «Engeance de vipères! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient? Produisez donc un fruit digne de la conversion. N'allez pas dire en vous-mêmes: "Nous avons Abraham pour père"; car, je vous le dis: des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres: tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu.» Prédication énergique, qui doit conduire à un geste: être baptisé pour être purifié des péchés. Et des foules viennent à lui, désireuses de se convertir, de revenir au vrai Dieu, d'obtenir le pardon de leurs péchés, et de préparer ainsi la venue du messie. Car un prophète n'est pas destiné à s'annoncer soi-même; sa prédication ne vient pas n'importe quand, elle vient pour préparer les chemins du Messie qui doit venir.
Ce que Jean n'a pas prévu, c'est la manière d'agir de ce Messie. Jean attend un messie glorieux et triomphal, qui réglerait le sort des occupants et des pécheurs? mais le messie, Jésus, vient se faire baptiser, solidaire du peuple des pécheurs. « C'est moi qui devrais être baptisé par toi, je ne suis même pas digne de défaire la courroie de tes sandales, dit Jean ». Mais c'est Jésus qui avait raison de venir : c'est au moment où il reçoit le baptême de Jean que Jésus peut voir l'Esprit saint descendre comme une colombe, et entendre la voix du Père lui dire : « tu es mon Fils bien aimé ». C'est en suivant la voie proposée par Jean que Jésus a reçu la confirmation la plus forte de la mission qui est la sienne.
Un peu plus tard, Jean désignera Jésus comme l'agneau de Dieu qu'il faut suivre à ses propres disciples, en ajoutant «il faut qu'il croisse et que je diminue». Jean accepte qu'un autre, plus grand que lui, sera un meilleur maître que lui, et de laisser partir ses disciples. Il n'est que le précurseur, celui qui a préparé le chemin du Seigneur, d'ou peu de temps après que Jésus ait commencé sa prédication publique, il sera arrêté. Jean meurt, décapité dans sa cellule, à la suite d'une promesse stupide du roi Hérode. Une mort absurde, mais une Vie réussie. Il faut entendre ce que Jésus dit de lui: Jean est «le plus grand des enfants des hommes». Jésus voue à Jean une admiration profonde. C'est vers Jean qu'il est allé, au début de sa vie publique, pour être baptisé et recevoir la confirmation de son être profond de Fils de Dieu.
Jean-Baptiste a donc eu un grand rôle, mais toujours en fonction du Christ. Le dernier prophète d'Israël, il a rendu témoignage au messie d'Israël, et c'est sa grandeur; il n'a pas pu concevoir que ce messie ne serait pas seulement un roi puissant, mais le sauveur du monde qui vaincrait la mort elle-même. Et c'est cette victoire de Jésus sur la mort qui fait de la fidélité même de Jean Baptiste à sa mission une victoire. On peut par ailleurs affirmer que lorsque le petit Jean Baptiste, dans le ventre de sa mère, a tressailli d'allégresse en sentant s'approcher son sauveur, ce jour-là il ne s'est pas trompé. Aujourd'hui, il est entré dans la gloire du Royaume que Jésus a inaugurée par sa résurrection.
Jean-Baptiste n'est pas que du pontificat d'Anne et Caïphe, il est aussi des hommes contemporains?
Aujourd'hui, c'est à nous que revient la tâche d'écouter la voix de Saint Jean-Baptiste pour laisser à Jésus, la Parole qui nous sauve, un espace dans notre coeur, pour l'accueillir. Dans notre société de consommation, où l'on est tenté de chercher la joie dans les choses matérielles, le Baptiste nous enseigne à vivre de manière essentielle, afin que Noël soit vécu non seulement comme une fête extérieure, mais comme la fête du Fils de Dieu, venu apporter aux hommes la paix, la vie et la véritable joie. En ce temps de l'Avent, préparons-nous à voir, avec les yeux de la foi, dans l'humble grotte de Bethléem, le salut de Dieu (Lc.3,6).
Michel NIBITANGA, CEDICOM