Ils s'étaient réunis, ce dimanche 2 juin, dans
les enceintes du journal «Ndongozi», pour célébrer le 53ème journée mondiale
des communications sociales. Ce sont les professionnels des médias exerçant leurs
activités dans la ville de Bujumbura. Le thème de méditation était: «Nous
sommes membres les uns des autres - Des communautés de réseaux sociaux à la
communauté humaine», un thème décliné sur base du message de Pape François Ã
cette occasion. Trois conférenciers ont animé la séance: l'Abbé Dieudonné
NIYIBIZI, l'Abbé Jean Noël NTIRANDEKURA et le Professeur Nicodème BUGWABARI. La
conférence a également connu une bénédiction par une célébration eucharistique.
Selon l'Abbé Dieudonné NIYIBIZI, le message
central invitait à marier communication digitale à la communication humaine par
le dépassement du virtuel pour aller plutôt à la rencontre de l'autre car il y
a ce que le virtuel ne peut pas arranger: l'échange de sentiments et d'émotions,
de joies et de peines, de désirs et d'espoirs, bref de chaleur humaine. Ce prêtre
a par-là indiqué que c'était une occasion pour les journalistes catholiques et
les techniciens de l'informations, les étudiants en Communication et en Informatique
et leurs professeurs, ainsi que les membres des Commissions Paroissiales de la
Communication de s'approprier du message du St Père: «Nous sommes membres les
uns des autres. Des communities à la communauté humaine», a-t-il insisté,
reprenant le message du saint Père.
Les différentes présentations, les
contributions, les questions ont soulevé une soif assez palpable devant
l'immensité et la complexité du sujet: les enjeux des réseaux sociaux dans la
vie humaine. Les conférenciers ont fait le contour du thème, et trois sujets
ont été présentés: Le premier conférencier a présenté l'origine de cette
journée et les différents problèmes posés par les réseaux sociaux à travers le
monde. Le Second a expliqué comment les réseaux sociaux donne une illusion de
créer une communauté alors qu'en réalité elle installe plutôt le refoulement
des gens pourtant proches. Le troisième a fait la lecture sociologique des
technologies de l'information (les opportunités créées, les inconvénients et
les solutions envisageables).
L'Abbé Jean Noël NTIRANDEKURA reconnaît que la
communication par les réseaux sociaux aide à échanger des informations nécessaires,
mais émet tout de même un certain nombre de questionnements: «Comment
utilisons-nous les réseaux sociaux?» Il a rappelé les différentes situations d'utilisation
irrationnelle de ces moyens de communication. Pour lui, il y a des gens qui les
utilisent en manipulant les données, donc en propageant le mensonge, tandis que
d'autres y font recours pour cultiver la haine, l'exclusion, l'intimidation et
la destruction des sociétés. Les contenus de leurs messages reflètent l'égoïsme
et le narcissisme. Le prêtre terminera son exposé par
Quant à l'analyse sociologique du Professeur
Nicodème BUGWABARI, l'on va remarquer qu'il va d'abord opposer les opportunités
de la communication moderne et les contraintes sociales ou inconvénients avant
de proposer une issue plus ou moins surprenantes. Il va dire: «Il ne faut rien
faire si ce n'est que de prendre conscience [...]. Ce que je vous demande c'est
de changer intérieurement, et si vous changez votre façon de faire, votre façon
de voir les choses, ça va marcher.» Pour le Professeur Sociologue, ce qui
importe c'est avoir conscience de la responsabilité, mais aussi tenir compte d'autres
remèdes qui relève d'un domaine plus profond de notre être, le domaine de la prière,
de la méditation, de l'émerveillement et de l'amour de l'art [art du
journalisme] qui poussent à mieux faire.
Il y'avait aussi lieu de remarquer la complexité
et la richesse du débat. Certains demandaient comment on peut bannir des
publications destructrices qui passent sur les réseaux sociaux et qui ont de l'impact
sur des gens moins consciencieux. D'autres ne comprenaient pas comment les
convertir en messages constructeurs, d'autant plus que les réseaux sociaux constituent
de plus en plus de hauts lieux de propagandes et de publicités à tout azimut, voire
même de criminalité, donc difficiles à gérer, car même une législation de ces médias
serait difficile à établir, a-t-on signalé.
Parmi les intervenants figuraient même les informaticiens. Ceux-ci ont aussi un rôle qu'ils jouent dans ces médias car ce sont eux qui créent ces lieux virtuels de rencontre. Ils signalent néanmoins l'effet pervers que cela produit, alors que leur souci premier est de mettre à la disposition de leurs clients des outils positifs de travail. Bruce Mworoha, l'un des programmeurs de sites web et créateurs des réseaux sociaux. Pour lui, «on ne peut pas prendre les réseaux sociaux comme la porte au désordre dans la société». Il compare l'utilisation de ces outils à l'apport de véhicules aux gens qui ne savent pas conduire. Lui il va très loin en prévenant que ce que la société voit de ces outils n'est que le début, et que cette technologie évolue.
Avec cette conférence, l'on aura toutefois compris
jusqu'où va le St Père, ce souverain pontife qui plutôt demande aux chrétiens
de ne pas rester cramponnés dans les groupes clos créés sur l'internet, ces communities
qui portent au mépris d'autres personnes qui ne font pas partie de nos groupes.
L'on aura aussi compris ses inquiétudes de voir à quel point le monde tend de
plus en plus à se désagréger. Il voudrait plutôt nous voir nous reconstituer en
une seule communauté humaine, un seul corps sur lequel nous sommes membres les
uns des autres. Signalons que cette journée était la première en son genre pour
être célébrée dans l'Archidiocèse de Bujumbura, et que le responsable du
CEDICOM promet de faire de tout son mieux pour que de telles occasions ne
soient plus ratées.
Michel NIBITANGA, CEDICOM