L'année scolaire en cours touche à sa fin, bientôt les parents se retrouvent ensemble avec leurs enfants, et cela pour un temps assez long, environ 60 journées et 60 soirées. A s'attendre donc, entre autres occupations, leur entretien avec vous, chers parents. Nul doute que certains d'entre eux, surtout les plus jeunes, dans vos conversations, vont aller jusqu'à vous poser certaines questions. Banales, graves ou futiles, je m'en fous...! Mais, comment nous y prendre vraiment, tout en remplissant notre mission de parents?
Tout ce qui
me préoccupe pour le moment c'est de réfléchir avec vous comment y répondre,
car cela m'est déjà arrivé, et j'ai remarqué que ce n'est pas toujours facile. N'en
déplaise, certaines astuces peuvent nous aider à mieux mener notre entretien
avec nos enfants.
LA CURIOSITÉ DE ENFANTS N'EST PAS FORCEMENT UN VILAIN
Bienheureux sont les enfants qui posent des questions, s'ils ont autour d'eux des adultes prêts à les écouter, car la curiosité n'est pas forcément un vilain défaut. Et si certaines demandes peuvent être indiscrètes ou indélicates, la plupart traduisent un esprit en éveil, qui s'intéresse et cherche à comprendre. Au moment où les plus grands ont généralement perdu quelques illusions à ce sujet, les petits, confiants et sûrs de la science inépuisable de Papa-Maman, attendent toujours une réponse...! Mais cela ne les empêche pas de nous interroger, quitte à y mêler, parfois, un brin de provocation.
TOUTE QUESTION APPELLE UNE RÉPONSE, ET PAS N'IMPORTE LAQUELLE
Quoi qu'il en soit, certaines questions nous embarrassent, parce que nous n'en connaissons pas la réponse, ou parce qu'il s'agit d'un sujet complexe qui appelle de nombreuses nuances, ou encore parce que la question touche à des secrets de famille. Parfois même, cette question nous semble en décalage avec la maturité de l'enfant, ou plus simplement, nous considérons que que l'enfant nous interroge à un moment totalement inopportun.
La tentation de faire semblant de ne pas entendre peut être grande alors, et ensuite feindre d'avoir oublié. Il nous arrive même d'éluder le problème par un évasif «On verra ça plus tard...!». Pourtant, toute question appelle une réponse. Et pas n'importe laquelle. Si nous usons de stratagèmes pour éviter d'avoir à répondre aux questions embarrassantes, nos enfants renonceront peut-être à nous interroger, mais iront chercher des réponses ailleurs, et probablement pas aux endroits les meilleurs. Nous aurons perdu une belle occasion de remplir notre mission de parents et de gagner leur confiance.
SAVOIR TROUVER UNE BONNE RÉPONSE, CELA TIENT À UNE ÉCOUTE ATTENTIVE
Souvent, le plus important n'est pas la question elle-même, mais «la question derrière la question». D'où, pour bien répondre, il importe de commencer par écouter. Par ailleurs, nos enfants n'attendent pas que nous sachions tout, mais que nous soyons attentifs à tout ce qui les intrigue ou les inquiète. Ils attendent que nous leur répondions, non comme le ferait un moteur de recherche, mais comme une personne unique à une autre personne unique.
Prenons par exemple d'un enfant qui s'appelle Dorothée (nom couvert d'anonymat). Dorothée, 7 ans, vient de perdre son grand-père qui s'est suicidé. On a caché à la petite fille que son grand-père est mort suite au suicide, préférant parler plutôt d'accident. Quelques jours après, quand Dorothée demande, à brûle-pourpoint, la signification du mot «suicide», il est clair qu'elle n'attend pas une définition, mais qu'elle tend une perche à ses parents pour qu'ils lui disent une vérité qu'elle a devinée.
Prenons aussi Simon (nom aussi anonyme). Lorsque Simon, 6 ans, demande si le chien qu'il chérissait va ressusciter, il n'a pas besoin d'un grand discours sur la différence entre l'homme et l'animal, mais d'une parole de consolation.
QUE FAIRE SI NOUS NE SAVONS PAS RÉPONDRE?
Si nous ne savons pas répondre, si nous n'avons pas de réponse correcte à donner, reconnaissons-le, simplement et très humblement. Et lorsque c'est possible, invitons l'enfant à chercher avec nous la réponse (sur Internet par exemple, dans la Bible ou ailleurs).
Lorsque la question touche à une vérité de Foi qui nous dépasse (le mystère de la Sainte-Trinité, par exemple, ou l'Eucharistie, la Résurrection, etc.), donnons à l'enfant des éléments de réponse, en éveillant son Espérance et sa joie de découvrir les mystères de Dieu. Ici, il n'est pas bon de présenter ces réalités comme d'obscures énigmes, mais comme des merveilles que nous n'aurons jamais fini de comprendre sur cette Terre.
ET SI NOUS SOMMES MAL A L'AISE POUR RÉPONDRE?
Si, par exemple, la question posée nous touche de si près que nous ne pouvons pas en parler sans une intense émotion, si elle concerne des événements familiaux que l'on s'accorde à ne jamais évoquer, si nous avons peur de heurter l'enfant par une réponse mal adaptée, etc., nous ne sommes pas obligés de répondre sur le champ. L'enfant a seulement besoin de savoir que nous avons bien entendu sa question, que nous ne lui reprochons pas de l'avoir posée (au contraire), et que nous y reviendrons sans tarder.
BREF, N'AYONS PAS PEUR DE RÉPONDRE...
N'ayons pas peur de répondre aux questions de nos enfants. Prenons plutôt le temps de discerner dans la prière, puis éventuellement avec l'aide d'un conseiller extérieur, ce que nous pouvons et devons dire, et ce que nous devons taire.
N'ayons pas peur de répondre à nos enfants, car répondre à un enfant en vérité ne signifie pas lui dire toute la vérité. Si nous avions une crainte à avoir, ce serait plutôt celle de trahir leur confiance et d'éteindre en eux la soif de la vérité et la joie de connaître et de comprendre les phénomènes de ce monde qui nous entoure.
Que l'Esprit Saint qui nous est donné puisse mette sur nos lèvres les mots justes à utiliser dans nos conversations quotidiennes!
Michel
NIBITANGA, CEDICOM