Vous arrive-t-il de vous sentir déçu
par votre pays? Bon nombre de personnes répondraient peut-être par «Oui». Ce sont
surtout ceux-là qui, sous couvert d'un principe de subsidiarité mal compris ou,
tout au moins appliqué à mauvais escient, trouvent que l'exécutif de leur pays lui fait
basculer dans un nationalisme exacerbé, ce qui crée souvent deux blocs:
les «alors, heureux» et les «alors, déçus», avec des prières égoïstes qui demandent
des grâces à accueillir personnelles à accueillir.
Mais, comment devrait être notre prière? Car, de toutes les façons, nous devons aimer notre patrie, pas seulement quand elle est glorieuse ou quand nos compatriotes sont uniquement saints; cela n'aurait aucun intérêt. La rédaction web du CEDICOM nous interpelle plutôt pour une prière de sanctification et d'intercession. Saint Paul apôtre lui-même le recommande, dans sa première lettre à Timothée: «J'encourage, avant tout, à faire des demandes, des prières, des intercessions et des actions de grâce pour tous les hommes, pour les chefs d'État et tous ceux qui exercent l'autorité, afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité. Cette prière est bonne et agréable à Dieu notre Sauveur» (1Tm 2,1-3).
Nous lisons aussi dans le livre des Chroniques: «Si mon peuple sur qui est invoqué mon nom s'humilie, prie, et cherche ma face, et s'il se détourne de ses mauvaises voies, -je l'exaucerai des cieux, je lui pardonnerai son péché, et je guérirai son pays. Mes yeux seront ouverts désormais, et mes oreilles seront attentives à la prière faite en ce lieu» (2Chroniques 7:14-15).
Le Pape François, lui aussi, interpelle: «Nous devons aimer notre patrie, mais nous devons aussi prier pour elle». Il propose même des neuvaines de prière pour encourager de telles initiatives. Il va d'ailleurs plus loin, en déclarant que ceux qui ne prient pas pour leurs dirigeants devraient le dire en confession. Il souligne l'importance de cette prière, demandant que chaque personne consacre au moins cinq minutes de sa journée: «Nous ne pouvons pas laisser les dirigeants seuls. Même s'ils se trompent, les chrétiens doivent les accompagner, et même faire pénitence pour eux, qu'ils aient voté ou non pour eux» (le pape François, 18 septembre, lors de son homélie).
Le successeur de Pierre poursuit que le dirigeant lui-même doit prier, sinon il s'enferme dans sa propre autoréférentialité ou dans celle de son parti, alors qu'il devrait avoir «conscience de sa subordination» à des pouvoirs supérieurs au sien: celui du peuple et celui de Dieu. En effet, «le pouvoir du dirigeant lui vient de Dieu à travers le peuple», explique le Pape. Il précise aussi les motifs de la prière pour la nation: «Nous devons prier pour que Dieu protège notre nation, qu'il la rende forte».
Si nous devons imiter son exemple, lui-même, dans sa lettre envoyée au président de la conférence épiscopale d'Argentine, à l'occasion du bicentenaire de l'indépendance de son pays, en 2016, il invitait ses compatriotes à l'espérance, et leur demandait de regarder en avant et d'avancer au grand large, ce qui permettra à son pays de sortir de la dictature du relativisme ambiant, mais aussi de l'immobilisme bureaucratique.
Quand nous parlons de «Patrie», qu'il soit littéralement entendu la terre de nos pères, le territoire auquel l'homme est attaché par son instinct vital, un sol avec ses caractéristiques naturelles, ses montagnes, ses plaines, ses fleuves, mais aussi le sol sur lequel ont vécu nos pères, qu'ils ont marqué de leur empreinte, qu'ils ont cultivé, sur lequel ils ont construit toutes sortes de monuments, d'édifices, de villes, sur lequel ils ont livré des batailles.
Notre pays est donc la fraction de la Création où nous vivons, le lieu où nous devons accomplir ce qui fait le chrétien. Et notre vie chrétienne commence où nous sommes car, loin d'être un sol nu, une donnée géographique, la patrie est aussi le peuple qui le compose. Ainsi, aimer le Burundi c'est aussi aimer les Burundais. Et le plus important des commandements, celui qui contient tous les autres, c'est aimer notre prochain, car Dieu est notre père; il nous aime tous et nous veut avec lui. Et vouloir le bien des Burundais c'est entre autres vouloir qu'ils rencontrent Dieu dans leur coeur, qu'ils ne se croient plus seuls, abandonnés.
Le Bon Dieu aime répandre ses
grâces sur le monde dans la mesure où nous les lui demandons. Si nous
intercédons pour elle, nous sommes absolument sûrs de lui obtenir des grâces de
guérison, de purification et de sanctification (Ap.22,2).
PRIERE:
Dieu très Saint, notre Père, Toi qui tends l'oreille aux appels de tes enfants, Toi dont les bras sont grands et ouverts pour nous! Ô Seigneur, mon Dieu, écoute notre prière:
Que le vent de ton Esprit chasse les haines dans notre pays;
Que coule, tel un fleuve, le pardon qui nous libère;
Que la paix inonde nos coeurs et nos terres;
Que jaillissent sur nous les fruits de ton jardin, et sur nos enfants, les abondantes grâces de ta mai!
Des plus démunis, de ceux qui n'ont presque rien ou qui sont seuls, prisonniers ou malades, prend bien soin d'eux.
Car c'est à Toi qu'appartient le règne, la puissance et la gloire pour les siècles des siècles.
Amen!
Michel NIBITANGA, CEDICOM