Aller à la messe c'est passer de la dispersion au rassemblement pour répondre à l'invitation du Seigneur; c'est passer de la vie quotidienne à l'écoute du Seigneur qui nous parle et qui nous constitue en Corps du Christ, en frères qui s'accueillent mutuellement. Quand nous arrivons à l'église, il y a des attitudes que nous devons adopter pour nous apprêter à célébrer le plus grand mystère de notre foi: ces débuts s'appellent des rites initiaux.
Dans l'article précédent, nous avions médité sur la messe comme une
réponse à l'appel du Seigneur. Dans le présent article, la rédaction web du
CEDICOM prĂ©sente les attitudes que nous devons adopter pour nous apprĂŞter Ă
célébrer cette messe: les rites initiaux. De la procession d'entrée à l'oraison
du célébrant, en passant par le chant, la salutation à l'autel du prêtre
célébrant, l'acte pénitentiel, le Kyrie et de l'hymne vénérable, le Gloria, l'officiant
présente la prière d'ouverture, également appelée «collecte», qui exprime le
caractère de la célébration et regroupe les intentions générales de toute
l'assemblée.
Le début de la célébration d'une messe
Le Missel intitule cette première partie de la messe «Ouverture de la célébration». Entrer dans la liturgie c'est d'abord clarifier ce en quoi consiste l'action liturgique. C'est pourquoi, les rites initiaux ont, non seulement un caractère d'une ouverture, d'une introduction et d'une préparation, mais à la fois un rôle pédagogique, et aussi une fonction initiatrice. Le but de ces rites est que les fidèles qui se réunissent se disposent à bien entendre la parole de Dieu et à célébrer dignement l'eucharistie. L'entrée est donc une «entrée en liturgie» (selon le beau titre du livre de F. Debuyst sur l'oeuvre de R. Guardini).
Le terme d'«ouverture» est d'abord à comprendre, comme l'emploient
les musiciens, «l'ouverture d'une symphonie, d'un opéra...» Et, en tant que
rites, ces éléments ouvrent les fidèles à une vision épiphanique des objets de
la messe, des paroles, des lieux et des personnes présentes. Ils font entrer
dans une autre dimension, celle du mystère. Tous les thèmes musicaux chantés au
début de la célébration d'une messe apparaissent avec légèreté et brièveté,
éduquant l'oreille à les reconnaître quand le moment sera venu. Cependant, les
fidèles se tiennent debout. A cela s'ajoute la recommandation du silence dans
l'église avant la célébration (voir «Célébrer - le silence dans la liturgie»,
p.40).
Les lieux d'apparition rituelle dans la célébration d'une messe
Il est significatif que le premier élément mentionné par le Missel soit le rassemblement des fidèles: «Lorsque le peuple est rassemblé, le prêtre s'avance vers l'autel...». La traversée des fidèles par la procession d'entrée des ministres suivant la croix et/ou le livre des évangiles, est déjà en soi polyphonique. Cette entrée processionnelle, si elle est à première vue fonctionnelle (aller de la sacristie au choeur), produit l'effet attendu: « ça commence». Davantage qu'un signal, elle atteste du passage au registre rituel, symbolisant le chemin que parcourt l'Église pèlerine jusqu'à la Jérusalem céleste.
D'autant plus que la procession s'effectue pendant le chant d'entrée, ce chant à lui seul est chargé de tous les motifs du rite: ouvrir la célébration, favoriser l'union, accompagner la procession. La mise en oeuvre de cette procession ne relève d'une précision maniaque, mais demande surtout un état d'esprit ministériel de service de l'assemblée-Église.
L'autel est le deuxième lieu par ordre d'apparition rituelle. «Quand il (le Christ) s'offre pour notre salut, il est à lui seul l'autel, le prêtre et la victime» (5e Préface de Pâques). Il doit être salué et vénéré (et éventuellement encensé, ainsi que la croix). La liturgie concentre l'attention sur un lieu, l'autel, doublé d'un objet, l'évangéliaire, auxquels s'ajoute un autre objet à saluer, le crucifix, posé sur l'autel.
Les motifs «parole» et «eucharistie» sont en quelque sorte «joués»
dès l'ouverture avant d'être déployés dans la suite de la liturgie. Et le siège
de présidence, de ce lieu, le prêtre qui préside la messe fait le signe de
croix avec toute l'assemblée puis la salue. Ce qui suivra sera alors perçu dans
ce mĂŞme registre, celui oĂą les objets, personnes, lieux, paroles signifient
autre chose que leur matérialité.
L'entrée est aussi l'ouverture des Cieux
La première visée des rites initiaux est de demander que les fidèles rassemblés réalisent une communion trinitaire, et c'est l'échange de salutations qui manifeste le mystère de l'Église rassemblée. Et, dès le signe de croix, il y' a salutation réciproque entre le prêtre et l'assemblée, ce qui revient à nous inviter à la rencontre de celui qui vient à notre rencontre: «le Seigneur soit avec vous...!» «...et avec votre esprit».
Le prêtre nous invite à nous ouvrir à Dieu et à L'accueillir par une salutation inspirée de celles de St Paul dans ses lettres, puis par un mot plus personnel faisant le lien entre notre vie et la célébration qui commence. La Trinité sera ensuite exaltée dans l'hymne du Gloria, précédé d'une préparation pénitentielle, le Kyrie. Les rites initiaux mettent l'assemblée en présence du Kyrios-Seigneur.
Et aussitôt après l'hymne trinitaire du Gloria, la liturgie de l'accueil se termine par un temps de recueillement et une courte prière dite par le Prêtre, la prière de collecte. Le Prêtre nous invite à prier «Prions le Seigneur» dans le silence de notre coeur. Le prêtre rassemble toutes nos prières dans son coeur, il les accueille ainsi pour les offrir au Père, par Jésus et dans l'Esprit Saint. L'assemblée, alors, acquiesce en disant «Amen!», pour signifier «Oui, vraiment cette oraison du célébrant est bien notre prière aujourd'hui». Ce «Amen» achève les rites d'ouverture de la messe.
Ainsi donc, avec la liturgie d'accueil et d'entrée à la messe, nous adhérons au Christ, comme l'Épouse à l'Époux, pour constituer le Peuple de la nouvelle Alliance par la marque de notre appartenance au Seigneur et de notre identité de chrétien. C'est donc dans ce premier temps de la messe que nous arrivons avec le poids de notre semaine, un poids de difficultés, mais aussi de joies. Nous sommes alors invités à nous rassembler pour déposer ce poids au pied de la croix.
Michel NIBITANGA, CEDICOM