Régine NIWEBASA est allée habiter dans la maison de l'Éternel mardi 19 Novembre 2019, et on se souviendra de son dernier testament: «Père, je veux remettre mon esprit entre tes mains!», imitant Jésus sur la Croix (Luc 23:46b)
Une messe de requiem a été célébrée ce mardi 26 Novembre 2019, pour feu Régine NIWEBASA. Les cérémonies des funérailles ont débuté par le dernier hommage, à l'Hôpital Clinique Prince Louis Rwagasore, puis une messe à l'Eglise Catholique située au Sanctuaire Mariale du Mont Sion, à Gikungu, concélébrée par l'Archevêque de l'Archidiocèse de Bujumbura qui la présidait, S.E Mgr Gervais Banshimiyubusa, et Mgr Jean-Louis NAHIMANA lui-même, fils du défunt. Elles se sont poursuivies par l'inhumation de la regrettée, au cimetière de Mpanda.Étaient aussi présents dans cette célébration eucharistique l'Archevêque émérite de l'Archidiocèse, Mgr Évariste Ngoyagoye, le Vicaire Général de l'Archidiocèse, et Mgr Anatole Ruberinyange. Cette messe avait aussi vu la participation de plusieurs prêtres venus se joindre au fils de Feu Mamy (comme on la surnommait). Il y avait aussi un bon nombre de religieux et de religieuses de l'Archidiocèse, des membres de la famille de la regrettée, des amis et connaissances, ainsi que des chrétiens fidèles du Sanctuaire Marial de Gikungu, surtout ceux du Mouvement Marial dont elle faisait partie.
La biographie de la Mère Mgr Jean-Louis NAHIMANA a été présentée par, Souavis, l'une des filles de Mamy. Elle a indiqué que feu Régine NIWEBASA était née le 10 Octobre 1929, à Save (au Rwanda de l'époque monarchique), du père notable de famille royale. Elle a été baptisée le même jour de sa naissance, du fait d'un prêtre blanc de sa paroisse qui s'était improvisé pour venir rendre visite la famille, et y trouva une bonne nouvelle qu'un enfant était né. Celui-ci se dit: «Je suis honoré de rencontrer la naissance d'un enfant dans cette famille, donc je ne pourrais me priver de le baptiser!», ce qui fut accompli.
De l'origine de Régine NIWEBASA, elle est issue d'une famille royale du Rwanda monarchique. Oui, une princesse, car elle est de la lignée directe du roi Kimenyi, de Gisaka, l'un des royaumes du Rwanda, avant réunification en République. Concrètement, la présentation de la généalogie de Mamy est chronologique, de bas en haut: de Régine NIWEBASA, on a son père, le notable Gatanga, puis Sebaragamba, Cama, Ntamwete, Mahunde, Mukerangabo, le roi Kimenyi-IV, Bazira, Buregeya, le roi Kwezi, le roi Kimenyi-III, le roi Ntaho, le roi Mutuminka, et le roi Kimenyi-II alias Shumbusho. La généalogie peut remonter au chef clanique Kagesera, fondateur des Bagesera-abazirankende, le clan effectif de Mamy.
Spirituellement, Régine NIWEBASA est issue d'une famille chrétienne, convertie au Catholicisme, en témoigne le fait que son père portait un prénom chrétien, Moïse (car il s'appelait Moïse Gatanga). On comprendra vite pourquoi la réaction de faire baptiser Mamy sera très rapide, aussitôt à quelques heures de sa naissance. Et sur le plan éducatif, Moïse Gatanga saura assouvir précocement le besoin de scolarisation de sa fille qui lui assurera l'école primaire. Malheureusement, il ne verra pas comment sa fille va continuer ses études, car il va s'éteindre très tôt.
Sa mère qui en était restée à la charge d'élever seule la jeune Régine, avec les deux autres enfants de son même mariage, va déménager vers Butare, chez son oncle. Là , le deuxième coup douloureux lui frappa: le parent qui lui restait va rejoindre son père. Dans la désolation totale, Régine NIWEBASA va ainsi grandir fille adoptive. Néanmoins, et heureusement, elle ne va pas se laisser lâcher ses études; après l'enseignement primaire, ce sera le secondaire qu'elle va terminer avec une formation d'infirmière, dans la section de sage-femme.
Et, de nationalité rwandaise, comment l'histoire va-t-elle la noyer dans le Burundi? C'est lié à la suite de ses études; c'est dans ce deuxième pays qu'elle va effectuer son stage de fin d'études secondaire, à l'Hôpital de Ngozi, un hôpital sponsorisé par les soeurs belges de la Congrégation des Dames de Marie. Après son stage, elle va même y décrocher un emploi au poste d'infirmière sage-femme.
Au fur et à mesure qu'elle s'habitue de la vie de Ngozi, elle va se créer des amis autour d'elle, en commençant par ses collègues. C'est de là même que va naître sa vocation de mariage: parmi ses collègues, quelqu'un va tomber amoureux d'elle, un certain Joseph Nahimana, Assistant médical. On le surnommait «Maso meza». C'est lui qui va lui rendre visite en jour, mais comme il était timide, il ne dira aucun mot, mais un symbole qu'il lui laissera, c'est ça qui va tout exprimer: il lui enverra en cadeau un T-shirt de même modèle que celui qu'il s'était réservé à la maison. A grande surprise, le lendemain, les deux vont se retrouver porter cette uniforme dans la messe dominicale, sans s'être consentis. Et Régine NIWEBASA va comprendre. C'est la déclaration d'amour des années 1950.
Du mariage Mamy - Maso meza naîtront 8 enfants, mais à des endroits diversifiés. D'abord au Burundi, ils y ont obtenus les 4 premiers (Gloriose, Souavis, Spéciose na Antoinette); ensuite quand ils étaient envoyés en Europe en mission de spécialisation, ils y obtinrent les 2 suivants (Jean-Louis Nahimana et Immaculée); et enfin, de leur retour au Burundi, en 1966, les 2 derniers (Aimable et Dieudonné, le cadet).
En 1969, l'autre coup de malheur va toquer sur la porte de Mamy; il lui amputa la «tête» du foyer: son mari sera tué avec les massacres inter-burundais de l'époque, et tous les biens de la famille pillés. C'est ainsi qu'elle va déménager pour tenter la vie ailleurs. Démunie, le lieu de résidence préféré sera Bujumbura, dans le Quartier Kamenge, avec ses 8 enfants. Mamy, avec tout son caractère mêle à la fois d'esprit maternel et de valeurs chrétiennes, elle va leur offrir une éducation inspirée et passionnante; elle veut qu'ils grandissent dans l'amour de Dieu et du prochain, bien que plus tard, Gloriose et Spéciose vont aussi leur quitter pour rejoindre leur père, au ciel. C'est aussi de cette éducation que la vocation sacerdotale de Mgr Jean-Louis Nahimana prendra issue.
Et la vie chrétienne de la regretté a été présentée par Mgr Anatole Ruberinyange qui, sous les ordres de l'Archevêque, a fait l'homélie, profitant ainsi de cette occasion pour témoigner de la générosité de Mamy. Il va d'abord répéter la désignation familière de Régine NIWEBASA, une appellation déjà évoquée par ses enfants dans la présentation de sa biographie, celle de «Umusukukazi w'Imana» dans la langue locale, et qui veut dire «l'autre Servante de Dieu», en référence des services rendus pour l'Eglise et pour le peuple de Dieu.
Parmi ces services, furent témoigné de la fonction de Femme Catéchiste (unique femme de l'époque qui, dans sa paroisse, était admise à administrer la parole de Dieu et l'Eucharistie). Elle était de la Paroisse Ngagara (car la Paroisse Kamenge n'était pas encore née). Elle aimait aussi prier, à tel point que plus tard, elle va octroyer en don sa parcelle à la Paroisse Kamenge pour qu'y soit érigé une chapelle. Elle disait que c'est un cadeau qu'elle donne en reconnaissance à la Vierge Marie pour son intercession à sa famille, la Mamy qui s'était fait comme slogan:
«L'Eternel est mon berger, je ne manque de rien» (Psaume 23).Alors Régine NIWEBASA, plutôt Mamy, après avoir exercé son apostolat dans le jardin du Seigneur qui la trouve vraiment assidue jusqu'à l'épuisement, voici que son âme est reprise, ce 19 Novembre 2019, pour aller habiter dans la maison de l'Eternel, et s'y reposer en paix. On se souviendra de ses derniers mots, devant le Saint sacrement apporté par les prêtres: «Père, je veux remettre mon esprit entre tes mains!», des paroles qui rappellent celles de Jésus sur la Croix (Luc 23:46b). D'aucun pourrait se refuser de dire «Certainement, Mamy Régine NIWEBASA était juste».
Michel NIBITANGA, CEDICOM