C'est du moins ce qui ressort de leur communiqué à l'issue de l'atelier d'échanges stratégiques tenu par les membres du Conseil Interconfessionnel du Burundi, responsables des Confessions religieuses au plus haut niveau
Après l'atelier d'échanges stratégiques sur la paix et la réconciliation tenu en date du 14-15 janvier 2020, par les responsables des Confessions religieuses au plus haut niveau, membres du Conseil Interconfessionnel du Burundi, à l'Hôtel Royal Palace, ces derniers ont produit un communiqué pour porter à la connaissance du public des conclusion de cet atelier. Dans ce communiqué, il a été indiqué l'objectif de cet atelier: échanger sur les causes et les conséquences du conflit burundais, afin de développer des stratégies pouvant contribuer à surmonter les obstacles à une paix durable et à la réconciliation au Burundi.
Dans ce communiqué, il a été indiqué que les participants ont commencé par relire l'histoire du conflit burundais dans ses racines culturelles et son organisation précoloniale, ainsi que dans ses développements depuis la réforme administrative belge initiée en 1929 jusqu'à la période actuelle conduisant aux élections générales de 2020. Ils ont mis en lumière quelques questions importantes vues comme une épine dorsale dans la compréhension du problème burundais, et se sont proposé des mécanismes d'accompagnement du processus de vérité et réconciliation, ainsi que des stratégies et des actions concrètes qu'ils pourront mener.
Au premier plan de la chaîne des problèmes, ce communiqué y place l'identité ethnique, car pour ces Leaders religieux, les identités sont mobilisatrices, et la problématique identitaire mérite une clarification dans ses acceptions par rapport au conflit burundais. Il a aussi été mentionné le problème de gestion des mémoires. Pour ces Leaders, cette question est aussi fondamentale, étant donné que l'accumulation des traumatismes liés aux conflits cycliques a une incidence sur les attitudes et l'interprétation des événements et des faits historiques, raison pour laquelle l'analyse politique de l'histoire du Burundi doit tenir en compte les acteurs étrangers tant au niveau régional qu'au niveau international. Face aux défis qu'affronte notre pays, le communique fait ressortir que les leaders religieux honorent leurs engagements de façon concrète et livrent des messages prophétiques.
Le communiqué revient aussi sur les doutes de ces membres du Conseil Interconfessionnel du Burundi,
par rapport à la lecture faite par les Burundais de ce qu'ils estiment comme une réalité sur l'histoire passée et récente de leur pays. Il est estimé que l'approfondissement de la connaissance l'histoire lointaine du Burundi soit indispensable pour que ceux-ci puissent mieux comprendre le présent et ainsi accomplir leur mission de promotion de la paix et de la réconciliation. Pour eux, cela serait possible au cas où serait mené une étude approfondie sur la notion d'identité ethnique au Burundi et ses implications socio-politiques, tout en étudiant aussi à fond le rôle joué par les confessions religieuses dans la gestion des crises burundaises. Cela passerait notamment par la dotation d'un laboratoire stratégique capable de réflexion, d'analyse rigoureuse et de renforcement de capacité pour leurs membres.
Il a aussi été rapporté des proposition sur le processus électoral de 2020 et le processus de vérité et réconciliation qui, comme on le lit dans le communiqué, constituent des moments cruciaux de la vie du Burundi. Une attention particulière a été portée sur les défis et les obstacles à la stabilité socio-politiques du pays. Dans leur conception, ils ont prévenu ce que ces moments peuvent induire, et les stratégies efficaces pour les surmonter. Ainsi, concernant les défis relatifs aux élections de 2020, ils ont soulevé la nécessité important de créer des conditions plus favorables au processus en ce qui est du respect des libertés publiques, la maturité politiques des acteurs et de la population, la confiance entre les institutions et les acteurs politiques, la prise en compte des compatriotes en exil y compris les acteurs politiques.
Quant aux défis liés au processus de la Vérité et la de Réconciliation, le communiqué propose à l'opinion de garder à l'esprit des éléments de trois ordres: d'abord contextuel en relation avec la sécurité et la crédibilité du processus; ensuite endogènes liés aux effets des différentes crises sur les membres de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) et l'impact de la lecture constante des récits douloureux; et enfin techniques liés à la nécessité d'un travail d'experts.
Concernant les mécanismes d'accompagnement du processus de vérité et réconciliation, le communiqué informe sur l'existence des stratégies et des actions concrètes à mener, à savoir: mettre en place des groupes interconfessionnels de guérisons; créer des centres d'écoute et de prise en charge psychologiques des victimes; recommander aux groupes interconfessionnels un cadre de concertation avec la CVR et l'administration; créer et mettre en synergie des clubs interconfessionnels de paix, dans les écoles et dans les collines; mettre en place une pastorale interconfessionnelle d'animation spirituelle et éthique de l'élite à différents niveaux; recourir aux experts dans le traitement des traumatismes
Le communiqué se clôture sur des propositions des participants de contribuer aussi au processus électoral, de soutenir urgemment des initiatives de promotion de l'éducation civique avant les élections à travers un message aux protagonistes politiques et à la CENI, mais aussi d'organiser des séances de sensibilisation des responsables religieux à la base, ainsi qu'une communication responsable et édifiante sur les réseaux sociaux. A travers ce communiqué, ils invitent la population à s'appliquer davantage dans les travaux champêtres et non à courir derrière les hommes politiques. Ils se sont convenus qu'ils vont participer à l'observation électorale, et qu'après les élections, ils vont déployer ensuite des projets de développement et contribuer à l'accueil et l'intégration socio-économique des rapatriés. Ils comptent aussi délivrer un message conjoint d'apaisement après les turbulences électorales.
Michel Nibitanga, CEDICOM