Ces groupes sont constitués par 20 personnes, hommes et femmes, qui vont faciliter le processus de réconciliation des Burundais
«Le pardon est un cheminement personnel et on ne peut pas imposer quelqu'un à pardonner», cela a été dit par Monseigneur Jean Louis Nahimana, Secrétaire Exécutif de la Commission Diocésaine Justice et Paix (CDJP-Bujumbura), lors du lancement officière des groupes porteurs se trouvant dans les communes Muramvya et Mbuye. Les activités de lancement de ces groupes ont eu lieu Mercredi le 12 Mars, dans l'une des salles de la Paroisse Muramvya. Cette journée a été marquée par l'Exposé sur le travail de mémoire.Dans son exposé sur le travail de mémoire, le Secrétaire Exécutif de la CDJP-Bujumbura a fait savoir que dans les différent événements douloureux qui ont secoué le Burundi, les Burundais n'ont pas eu la volonté de s'asseoir ensemble pour faire le travail de mémoire collectif, ce qui a fait qu'on a eu à gérer les crises sous deux tendances.
D'après Mgr Jean Louis Nahimana, d'un coté, il y a eu l'oblitération de l'histoire, et les gens font semblant d'oublier le passé, prétendant que s'est le bon moyen de préparer un meilleur avenir. "Au lieu de créer des cadre d'échanger entre les Burundais sur les grandes événements douloureux qui ont marqué l'histoire de notre pays, certains personnes ont cherché à pousser les gens à oublier le passé et pardonner", a indiqué le Secrétaire Exécutif de la CDJP-Bujumbura, soulignant plutôt que le pardon devrait être un cheminement personnel, et qu'on ne peut pas imposer quelqu'un à pardonner. "Le pardon est un signe de guérison", a-t-il ajouté.
Selon toujours Mgr Jean Louis Nahimana, l'autre coté de tendance de la mémoire du passe du Burundi est marqué par la survalorisation de l'histoire. Selon lui, cette tendance consiste à prendre un seul aspect global et à le faire grandiose.
La conséquence de ces deux tendances est, d'après lui, d'avoir des mémoires fragmentées, qui se transmettent de générations en générations. Pour sortir de toutes ces tendances, Mgr Jean Louis Nahimana a proposé de refaire le travail de mémoire de façon à établir la vérité, en brisant les idées stéréotypées.
Une question que l'on peut se poser est de savoir comment ont fait le travail de mémoire. La réponse a été donnée par ce Secrétaire Exécutif de la CDJP-Bujumbura. Il a commencé par faire connaitre les termes qui ont une même signification avec le travail de mémoire: la gestion de mémoire ou le traitement de mémoire. Pour lui, le travail de mémoire consiste à suivre six étapes, à savoir le respect du temps, le passage de culpabilité à la responsabilité, puis l'acceptation de la souffrance de l'autre, ensuite l'élaboration d'un récit partagé, et enfin le juste oubli.
Sur l'étape du respect du temps, Mgr Jean Louis Nahimana a indiqué qu'il ne faut pas demander à une victime de dire ce qui lui est arrivé quand ses plaies sont encore béantes. Et pour le passage de culpabilité à la responsabilité, il a évoqué la responsabilité historique comme étant une étape cruciale conduisant vers l'acceptation de la souffrance de l'autre, et que c'est de là que l'on pourra élaborer un récit partagé pour enfin à asseoir le juste oubli.
Signalons que les groupes porteurs sont constitués par des hommes et des femmes qui vont faciliter le processus de réconciliation des Burundais, et qu'au total, 20 personnes provenant de deux communes, à savoir Muramvya et Mbuye ont été élu pour former ces groupes. Leur rôle sera de mener une réflexion sur les grandes événements, tout en identifiant les causes des différentes crises que le Burundi a connues, dans le but de faire une lecture commune de l'histoire du pays.
Ces groupes vont aussi organiser des sensibilisations de la communauté à échanger sur l'histoire du Burundi, et avoir une même lecture, dans le but d'aider les burundais à se réconcilier. Et l'Archidiocèse de Bujumbura, à travers sa Commission Justice et Paix, compte mettre en place, dans toutes les paroisses, des cadres de réflexion sur les différents thèmes pouvant contribuer dans les réconciliations des Burundais.
Rénovat Niyonsenga, CDJP-Bujumbura