Pour juger, il est conseillé de suivre les normes de la justice comme nous dit Jésus dans son Évangile selon saint Jean «Ne jugez pas selon l'apparence, mais jugez selon la justice» (Jean 7,24)
Le chapitre 7 de l'Évangile selon Matthieu, en son verset 24, contient un enseignement sur la bonne manière de juger les gens. "Ne jugez point selon l'apparence, mais jugez selon la justice". Et les Juifs du temps du Christ en étaient venu à en avoir ras le bol avec leurs leaders religieux hypocrites et égoïstes. Pourquoi? A cause de leurs enseignements et pratiques légalistes sur la masse et leur attitude spirituelle orgueilleuse. Dans cet article, nous traitons plutôt du jugement de la manière dont Jésus nous l'enseigne.
Les Juifs du temps du Christ jugeaient les gens d'après des lois d'hommes et par l'orgueil qui les élevaient au-dessus des autres. Ils voulaient même en arriver à faire du mal à Jésus malgré sa justice. Pour eux, Jésus n'observait pas le sabbat. Nous lisons dans l'Évangile selon Jean, qu'on discutait beaucoup à son sujet dans la foule, et que, tandis que les uns disaient: «C'est un homme de bien», d'autres répliquaient: «Mais non, il égare la foule.»
Le prétexte des juifs était qu'ils ne reconnaissaient ni le Christ ni son autorité spirituelle. Ils s'étonnaient et disaient: «Comment est-il instruit sans avoir étudié?» (Jn 7,15). L'autre preuve que ceux-ci étaient purement subjectifs, c'est qu'ils cherchaient à saisir le Christ; ils savaient qu'ils allaient le croiser pendant la fête juive des Tentes qui était proche. Ils disaient: «Où donc est-il?» (Jn 7,11). Ils avaient de la haine contre Lui parce qu'Il témoignait que leurs oeuvres sont mauvaises (Jn 7,7).
La justice, tel qu'enseignée par le Christ, doit être faite selon la volonté de Dieu: cette justice est en fait la manifestation de la sainteté de Dieu dans ses rapports avec la créature humaine. Et ce rapport ne peut être que moral, puisque Dieu est Saint et que l'homme est doué de conscience et de liberté. Les jugements de Dieu sont conformes aux exigences de sa sainteté.
1. La justice de Dieu
Alors que, au point de vue humain, la justice suppose la réciprocité, car les notions de droit et de devoir sont corrélatives, il n'en va pas de même dans les rapports de Dieu avec l'homme. Celui-ci, en tant que créature, ne possède, par lui-même, aucun droit primordial; s'il a des devoirs envers Dieu, la réciproque n'est pas vraie, car strictement rien ne lui est dû.
Nous savons, d'autre part, qu'il ne peut acquérir, par ses oeuvres, aucun mérite, à cause du péché qui est en lui. Tout ce qu'il possède, il le tient de la pure grâce de Dieu. Comment donc concevoir la justice rémunératrice? Elle ne peut être que l'accomplissement d'une promesse que Dieu fait librement à l'homme, par amour.
La justice de Dieu repose ainsi tout entière sur sa fidélité. «Dieu n'est point un homme pour mentir, ni un fils d'homme pour se repentir. Ce qu'il a dit, ne le fera-t-Il pas? Ce qu'il a déclaré, ne l'exécutera-t-Il pas?» (Nombre 23,19). La justice de Dieu est donc inséparable de sa miséricorde. Après avoir été, pour l'homme perdu, la preuve irrécusable de sa condamnation, elle devient pour le croyant, par l'assurance qu'elle lui donne de la fidélité de l'amour rédempteur, le fondement de sa certitude de salut et de vie éternelle.
2. La justice de l'homme
La justice de l'homme est considérée sous son double aspect: par rapport à Dieu et par rapport aux hommes. Dans son sens religieux, la justice est la conformité à la volonté de Dieu. Idéalement, elle est l'état de celui qui se met en face de Dieu dans une attitude d'entière dépendance et de soumission totale.
Le juste est donc ici celui qui met en pratique les commandements de la Loi. Cette conception de la justice est, en principe, aussi légitime que la précédente ; mais elle est susceptible de dégénérer beaucoup plus facilement, car, étant en fonction de la Loi, elle est soumise aux vicissitudes de celle-ci. Or l'histoire nous montre que cette dégénérescence s'est produite. La Loi a perdu peu à peu son caractère d'absoluité morale, pour devenir un ensemble d'ordonnances légales, une justice formaliste, telle que nous la trouvons chez les Scribes et les Pharisiens et contre laquelle Jésus s'est élevé.
Quant à la la justice par rapport aux hommes, à vrai dire, il n'existe dans la Bible qu'une seule et même justice, toujours religieuse dans son principe mais qui, sur le plan des relations humaines, devient une justice sociale. Sous cette forme nouvelle, elle implique l'égalité des hommes entre eux.
Or, cette égalité n'est pas, comme on le prétend si souvent aujourd'hui, une réalité naturelle. La nature, bien loin d'être égalitaire, nous offre continuellement le spectacle des plus grandes inégalités. La seule égalité véritable est l'égalité spirituelle, en vertu de laquelle il y a chez tout être humain, quelles que soient, par ailleurs, son infériorité, sa dégradation ou sa déchéance, une valeur propre, la même partout et toujours, qui fait qu'un homme est un homme, c'est-à -dire une personne morale.
La justice est donc la reconnaissance de cette égale valeur et le respect de cette égale dignité de tous les hommes. Elle s'exprime nécessairement sous la forme de la réciprocité, qui est la seule relation normale là où existe l'égalité. «Tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le-leur aussi vous-mêmes» (Mt 7,12).
C'est pour cela que Jésus voulait que ces pharisiens la pratiquaient eux aussi de cette manière. «Si un homme reçoit la circoncision le jour du sabbat, afin que la loi de Moïse ne soit pas violée, pourquoi irritez-vous contre moi de ce que j'ai guéri, un homme tout entier le jour du sabbat?» (Jn 7,23). Même dans l'évangile de Jésus leur a dit: «N'avez-vous pas lu dans la loi que, les jours de sabbat, les sacrificateurs violent le sabbat dans le temple, sans se rendre coupables?» Mt 12, 25.
Il est donc juste que nous aimions Dieu, puisqu'il nous a aimés le premier, et que nous l'aimions d'un amour total, puisque c'est de Lui que nous tenons tout. Il est juste que j'aime mon prochain comme moi-même, puisqu'il a, devant Dieu, la même valeur que moi. Sans doute, l'amour dépasse la justice, mais comme un édifice dépasse les fondations sur lesquelles il repose et sans lesquelles il ne pourrait rester debout.
Yvette Kezakimana, Postulante dans la Congrégation des Soeurs de St-Paul