Le Bon Samaritain représente la figure même du disciple missionnaire qui nous rappelle que notre premier souci doit être de nous faire proche de ceux et de celles qui sont abandonnés sur les bords de notre chemin
En ce lundi 05 Octobre 2020, le lundi de la 27ème semaine du temps ordinaire, la liturgie du jour nous invite à méditer l'Evangile sur la parabole du Bon Samaritain, ce samaritain qui a su manifester son amour du prochain plus que ceux qui avaient la Loi à coeur. En effet, au temps de notre Seigneur Jésus, la notion du prochain s'était obscurcie, plutôt qu'éclairée au cours des siècles. Mais alors, cette notion en est-elle aussi éclairée qu'on pourrait laisser à espérer que tous les Burundais d'aujourd'hui sont déjà sur le niveau d'être de «bons Samaritains»?
Mon
«Prochain» comme prochain..!
«Quoi de plus simple à dire que ça? N'est-ce pas que mon prochain désigne celui qui est près de moi, qui est proche de moi?», dirait-on très rapidement, en voulant peut-être désigner une personne considérée comme mon frère, ou mon semblable.
Ce mot «Prochain», du latin populaire «propeanus», ou du latin classique «prope», qui veut dire «près de», voilà le risque qu'il y a à le réduire à mon semblable, mon proche, mon frère. Malheureusement, cette réduction m'incite à mettre à l'écart cet homme qui passe et dont la figure ne me plaît guère, cet inconnu ou celui-là que je connais trop, voire l'ennemi même que j'ai envie de frapper au visage car j'ai de l'aversion ou de l'éloignement pour lui.
Quand je le voit, c'est plutôt le sentiment d'antipathie violente, de haine, d'inimitié, voire de répulsion, qui monte en moi, à tel point que j'élargit ce sentiment à une catégorie de personnes qui le ressemblent.
Mon «Prochain» si je me situe au temps des Juifs
Au temps de notre Seigneur Jésus, la notion du prochain s'était obscurcie. Pour les Juifs, le prochain était primitivement l'associé, l'ami, un membre de la famille, une personne du même clan ou de la même tribu, avec qui l'on vivait dans une communauté. Le prochain était toujours un autre Juif.
Le prochain du Juif était celui qui, ayant la même nationalité, avait aussi la même religion. Toute proportion gardée, le Juif considérait le païen comme le musulman considère le chrétien. C'est pour cela qu'en voulant tenter Jésus, les Rabbins discutaient encore froidement si un Juif, passant à côté d'un païen en détresse, était tenu de le secourir.
C'est certainement la même chose qui se passe souvent dans le monde d'aujourd'hui: entre noirs et blancs, entre tziganes et sédentaires, et par extension, entre les gens d'éthnies différentes, de partis à opinions politiques opposées, etc.
Que pouvons-nous apprendre de la parabole du bon Samaritain?
Dans le Nouveau Testament, il reste bien établi que le premier qui ait instruit l'humanité à voir le prochain en chaque homme, chaque femme, et à les aimer, c'est notre Seigneur Jésus-Christ, par sa doctrine et par son exemple. C'est Lui qui, avec son Corps, s'est trouvé dans le lieu de la misère de l'homme; il a soigné ses blessures, il l'a fait reposer sur sa propre monture et lui a donné comme abri sa propre miséricorde, où tous ceux qui peinent et ploient sous le fardeau trouvent le repos (Mt 11,28).
C'est ainsi que Jésus va expliquer autrement la Loi au docteur: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même» (Luc 10,25-37). Il va commencer par exposer le passage en vain de la Loi sous la forme d'un récit toute l'histoire de la miséricorde pour ramener l'humanité à la raison. Il va raconter la descente de l'homme, l'embuscade des brigands, l'arrachement du vêtement impérissable, les blessures du péché, l'emprise de la mort sur la moitié de la nature (l'âme, elle, demeurant immortelle). Puisque ni le prêtre ni le lévite n'ont soigné les plaies de l'homme qui avait été la victime des brigands. Seulement le Bon Samaritain aura le coeur miséricordieux pour lui venir au secours.
Le Bon Samaritain représente la figure même du disciple missionnaire à laquelle nous sommes appelés à nous configurer. Cette parabole nous rappelle que notre premier souci doit être de nous faire proche de ceux et de celles qui sont abandonnés sur les bords de notre chemin.
Il faut entendre une telle critique et la prendre au sérieux, car elle questionne la manière dont nous pouvons porter l'Évangile. Soit les chrétiens se retrouvent entre eux, en se renforçant, en se nourrissant, en dénonçant le mal et en prêchant la vérité, soit ils essayent de s'ouvrir en offrant un Évangile plus accessible et en se rendant aux périphéries, qu'elles soient sociales ou existentielles. Elle s'en trouvera fortement affaiblie. L'amour ne fait point de mal au prochain (Romains 13,8-10).
Michel, CEDICOM